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Depuis 1946, selon une étude de l’INSEE, le nombre de prénoms différents donnés chaque année dans les Hauts-de-France a été multiplié par cinq. Ainsi, en 2020, Jade et Léo, les prénoms les plus donnés, ne concernent chacun que 1 % des naissances chez les filles et les garçons, contre respectivement 6 % et 12 % pour leurs prédécesseurs Marie et Jean, prénoms préférés d’après-guerre. Cette diversification, continue depuis 1946, s’est accélérée au début des années 1990 mais la tendance s’inverse depuis quelques années. Depuis 20 ans, si les goûts diffèrent peu au sein des territoires, l’arrondissement de Lille (qui comprend Lille, Roubaix, Tourcoing) se distingue par une plus grande diversité, «en partie car sa population y est importante».

Les préférences évoluent avec le temps. Certains prénoms très donnés à une époque, comme Michel ou Martine, ont quasiment disparu, quand les prénoms de la dernière génération (Lucas, Emma) n’ont émergé qu’à partir des années 1980. Après 1946, quatre générations de prénoms, d’une vingtaine d’années chacune, se sont succédé. […]

Avec la diversification, la concentration des prénoms diminue au fil du temps. En 1946, le prénom Jean est donné à 7 000 garçons. Il représentait à lui seul 12,3 % des naissances déclarées (soit une naissance sur huit) et 20,5 % si on y ajoute tous les prénoms composés à partir de Jean. En 2020, Jean, qui n’a été donné qu’à 58 enfants, laisse le 1er rang à Léo, attribué à 470 nouveaux-nés, soit 1,4 % des naissances (et une naissance sur 70). De même, en 1946, les cinq prénoms de garçons les plus donnés (Jean, Michel, Daniel, Bernard, Jacques) représentaient 35 % des naissances déclarées à l’état-civil contre 7 % en 2020 (Léo, Raphaël, Louis, Jules, Gabriel). Enfin, les 100 prénoms les plus donnés couvraient 95 % des naissances en 1946 contre seulement 49 % en 2020 figure 2. Une fille sur seize s’appelait Marie en 1946, une sur 70 s’appelle Jade en 2020 Chez les filles, la concentration est moindre que chez les garçons, mais elle diminue aussi depuis l’après-guerre. En 1946, une petite fille sur seize se prénommait Marie (3 400 naissances sur un total de 54 000) et une sur dix si on inclut les prénoms composés commençant par Marie. En 2020, il n’y a eu que 51 Marie dans la région (0,1 % des naissances). […]

La première génération définie s’étend de 1946 à 1964 pour les garçons (1959 pour les filles) et correspond à la génération du baby-boom. Les prénoms les plus donnés dans la région sont alors Martine, Marie, Françoise, Brigitte, Chantal pour les filles, et Jean, Michel, Philippe, Alain, Patrick pour les garçons. Ces prénoms, en vogue à cette époque, ne sont presque plus donnés depuis le début des années 2000 (0,25 % des naissances chez les garçons et 0,6 % chez les filles contre 20 % et 15 % pour la première génération). Cette génération se distingue également par la mode des prénoms composés (Marie-Christine, JeanPierre…) qui atteignent leur pic au milieu des années 1950 (16 % des naissances chez les garçons et 13 % chez les filles) avant de décroître pour ensuite n’être quasiment plus donnés (moins de 1 % en 2020).

La seconde génération s’étend de 1960 à 1977 pour les filles et de 1965 à 1982 pour les garçons. Elle correspond approximativement à la génération X, c’est-à-dire les personnes devenues adultes après la crise des années 1970. Les prénoms les plus donnés sont Nathalie, Isabelle, Sylvie, Valérie ou Catherine (19 % des naissances de la période) pour les filles et Christophe, David, Frédéric, Laurent et Sébastien pour les garçons (18 % des naissances).

La troisième génération couvre les années 1983 à 2003 (garçons) et 1978 à 2001 (filles). Elle correspond à la génération Y, aussi appelée les milléniaux, autrement dit les personnes devenues adultes à partir de l’an 2000. C’est le temps des Julien, Thomas, Nicolas, Maxime et Kevin chez les garçons (11 % des naissances) et des Aurélie, Céline, Émilie, Julie et Marie chez les filles (9 % des naissances). C’est pendant cette période qu’émergent certains prénoms comme Dylan pour les garçons ou Lilou pour les filles.

Enfin, la dernière génération est celle des Léa, Emma, Manon, Chloé et Jade pour les filles et Lucas, Louis, Hugo, Enzo, Nathan pour les garçons. Les cinq prénoms les plus fréquents de cette période étaient très rarement donnés auparavant, voire Insee Analyses Hauts-de-France n n° 130 n Décembre 2021 4.  […]

Cependant, la diversification des prénoms est très marquée dans l’arrondissement de Lille, en partie car sa population y est importante. L’explosion du nombre de prénoms au début des années 1990 y est très nette. En 1946, les différences étaient faibles au contraire. Près de 800 prénoms différents étaient donnés dans l’arrondissement de Lille, soit 1,4 fois plus qu’à Valenciennes (560) et 2,5 fois plus à Péronne (330), arrondissements enregistrant respectivement le plus et le moins de naissances en 2020 après Lille. La différence entre Lille et le reste des arrondissements est bien plus marquée en 2020 : 4300 à Lille soit 2,1 fois plus qu’à Valenciennes (2100) et 16,5 fois plus qu’à Péronne où le nombre de prénoms différents diminue (260). Dans l’arrondissement de Lille, le nombre de prénoms donnés a ainsi été multiplié par 5,4 entre 1946 et 2020 (par 4 dans le reste de la région). […]

Etude intégrale sur le site de l’INSEE

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