Kensley Volmar n’avance plus. Après trois allers-retours chronométrés dans un corridor de la piscine du Cégep Garneau, il s’arrête, épuisé.
L’étudiant en techniques policières doit réussir huit longueurs de 25 mètres en 5 minutes ou moins. Mais avec le répit qu’il vient de s’accorder, ses chances se dissolvent à vue d’œil.
(…) Mais une barrière bleue se dresse devant lui. Pour diplômer en techniques policières, Kensley doit réussir un test éliminatoire de natation qui est exigé par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
Or, cette épreuve défavorise les étudiants noirs, qui grandissent dans une culture où l’apprentissage de la natation est peu répandu, soutient une plainte qui a été déposée par un autre étudiant noir en techniques policières ce printemps à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Le parcours de Kensley Volmar ouvre une fenêtre sur un obstacle qui pourrait aussi freiner la représentativité culturelle au sein des corps policiers. Dans la foulée de l’arrestation musclée d’un jeune afro-québécois en fin de semaine dernière sur Grande Allée, le SPVQ a été une fois de plus critiqué pour ne compter aucun Noir sur environ 850 policiers. (…)
Discrimination?
Les «tests éliminatoires de natation posent des désavantages systémiques discriminatoires pour les candidats issus de la communauté noire, ayant pour effet de leur restreindre les possibilités d’accès à une carrière policière dans la province de Québec», soutient Jérémie dans sa plainte.
Alors que les cours de natation sont un rite de passage pour les enfants au Québec, souligne la plainte, les immigrants sont moins susceptibles d’apprendre à nager.
Une étude de la Société de sauvetage canadienne publiée en 2010 a montré par exemple que les Néo-Canadiens sont quatre fois plus susceptibles de ne pas savoir nager que les gens nés au Canada.