Le collectif 50/50 a dévoilé lundi une étude, Cinégalités, qui a analysé le genre, l’origine ou encore la catégorie socioprofessionnelle des personnages de 115 films français.
Qui peuple le cinéma français ? A l’occasion de ses assises annuelles, le collectif 50/50 a dévoilé, lundi 6 décembre, les résultats d’une vaste étude, mesurant la représentation de la diversité à l’écran. Intitulée Cinégalités, cette enquête s’appuie sur un corpus de 115 films sortis en 2019, parmi lesquels figurent les cent films ayant disposé des plus importants budgets et les cent films ayant réalisé le plus d’entrées en salle.
Genre, origine perçue, catégorie socioprofessionnelle, âge, handicap, orientation sexuelle constituent autant de critères étudiés par les directeurs de cette enquête, Maxime Cervulle, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-8 et Sarah Lécossais, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne-Paris-Nord.
« Dans cette industrie, très soutenue par les pouvoirs publics et très encadrée par différentes lois et décrets, il y a un manque de récits qui permettent de comprendre la France d’aujourd’hui dans toutes ses dimensions », a déclaré le producteur Harold Valentin, en liminaire de la présentation de cette étude. Membre du collectif 50/50, il a appelé l’ensemble du secteur à « élargir ses récits ». […]
Que nous enseigne cette enquête sur la perception de la diversité dans le cinéma français ? D’abord, si les femmes représentent 52 % de la population française, elles ne sont que 40 % dans les films étudiés ; un chiffre qui descend à 38 % lorsqu’il s’agit du personnage principal. S’agissant des personnages transsexuels, ils sont quasiment absents à l’écran (0,1 %) et n’ont aucun rôle principal. […]
L’absence de diversité dans le cinéma français se joue également sur des critères « d’origine perçue ». Ainsi, 81 % des personnages principaux sont perçus comme étant des Blancs (et donc 19 % perçus comme non-Blancs), quand ceux perçus comme asiatiques constituent le groupe le moins représenté à l’écran (1,5 %). Des chiffres légèrement plus élevés que dans les fictions audiovisuelles, où seulement 17 % des personnages sont perçus comme non-blancs, selon les chiffres du CSA pour l’année 2019. […]
Concernant la représentation des crimes à l’écran dans les films analysés, 11 % des personnages racisés commettent des crimes, contre 4 % des personnages perçus comme blancs. Un chiffre qui monte à 13 % pour les personnages perçus comme noirs. S’agissant de l’analyse des religions, une spécificité se fait jour : parmi les personnages perçus comme musulmans, 28 % sont montrés dans des actes de délinquance ou de criminalité. […]