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Andy Ngo, journaliste américain spécialiste de la mouvance antifa et auteur du livre “Démasqués” (Ring), a infiltré le mouvement d’ultragauche aux Etats-Unis. Ses conclusions sont sans appel : la violence des “antifascistes”, loin d’être spontanée, est au service d’un agenda politique. Entretien.

Valeurs actuelles. Vous êtes aux États-Unis la référence journalistique sur le mouvement antifasciste, en particulier pour votre journalisme de terrain. Pourquoi avoir décidé d’enquêter sur les antifas ? Et quel rapport entretenez-vous avec eux ?

Andy Ngo. Lorsque j’ai commencé ma carrière de journaliste, je me suis aperçu que les articles des conservateurs à propos des antifas étaient peu pris au sérieux car soi-disant biaisés idéologiquement. D’où ma décision de me rendre directement dans les manifestations antifas avec ma caméra pour filmer ce qu’il s’y passait. Je voulais que les vidéos parlent d’elles-mêmes sans avoir besoin de les commenter. Assez rapidement, les militants antifas m’ont identifié comme une menace. Au mois de juin 2019, par exemple, je m’étais greffé à un cortège d’antifas qui manifestaient dans la ville de Portland et plusieurs d’entre eux m’ont reconnu. En quelques minutes, j’ai été encerclé par une  meute masquée, frappé à l’arrière du crâne, mis à terre ; et une fois au sol, une pluie de coups s’est abattue sur mon visage. Coups de pied, coups de poing, poings américains et “milkshakes” façon antifas, toute la violence de cette extrême gauche s’est déversée sur moi en quelques secondes. Aucun des journalistes qui assistaient à la scène n’a eu l’idée de venir me secourir. En urgence, une ambulance m’a conduit à l’hôpital où l’on m’a détecté une hémorragie cérébrale. Une longue année de traitement n’aura pas suffi à soigner complètement les dégâts cognitifs provoqués par l’agression et aujourd’hui encore je subis les séquelles de cette lésion cérébrale. Voilà le rapport qu’entretiennent les antifas avec les journalistes.

Avez-vous subi d’autres agressions ou menaces de leur part ?

Oui, bien sûr. En dépit de cette agression, j’ai continué à enquêter sur les antifas. Alors ils ont accentué leurs menaces. En 2019, ma nuit d’Halloween a été véritablement digne d’un film d’horreur. J’étais allongé dans mon lit, prêt à me coucher. Soudain, j’entends sonner à ma porte. Je pense à ce moment-là que c’est un enfant particulièrement motivé dans sa quête de bonbons et je décide de ne pas aller ouvrir. Puis, on tambourine à ma porte. On cogne à mes fenêtres. Un enfant même très motivé n’agit pas comme ça. Je m’approche discrètement de la porte d’entrée, sans faire de bruit. Je regarde à travers le judas. Sur le palier se tenaient six blacks blocs avec en guise de costume d’Halloween, un masque de mon visage. Le temps que la police arrive, les antifas avaient quitté les lieux. Évidemment, j’ai dû déménager à la suite de cet incident. Ce serait trop long d’énumérer toutes les intimidations et violences dont j’ai été la victime, mais ces deux exemples vous donnent un aperçu de ce qu’un journaliste traverse lorsqu’il essaye d’enquêter sur les antifas.

Ce serait trop long d’énumérer toutes les intimidations et violences dont j’ai été la victime, mais ces exemples vous donnent un aperçu de ce qu’un journaliste traverse lorsqu’il essaye d’enquêter sur les antifas.

Quelle est l’influence politique dont disposent les antifas aux États-Unis ?

Le message général véhiculé par les antifas est si extrême qu’il est, dans un certain sens, contre-productif pour la gauche mainstream. Mais lorsqu’ils parviennent à s’approprier une cause bien spécifique, c’est là qu’ils sont le plus efficaces. D’abord ils ont bénéficié de la figure d’épouvantail de Donald Trump. Puis quand son mandat touchait à sa fin, ils ont su instrumentaliser à merveille la mort de George Floyd. Plus que la mort de George Floyd, c’est l’effusion de violence dans les rues américaines suite à son décès qu’ils ont réussi à exploiter notamment en incitant à la haine de la police. Dans ma ville natale de Portland, ils ont organisé des manifestations contre la police chaque nuit pendant plus de 120 jours. Politiquement, ils se sont servis de ce meurtre pour militer en faveur du désarmement de la police et de présenter cette mesure comme la panacée à tous les problèmes des Afro-Américains aux États-Unis. Plusieurs grandes villes démocrates comme Portland ou Seattle ont cédé à leurs

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