Fdesouche

(…)

De plus en plus de manifestations antifascistes viennent troubler les déplacements du candidat Zemmour. Cela pose-t-il un problème démocratique ?

Oui, et la situation est en passe de dégénérer. Il ne faudrait pas que le déclin électoral des gauches conduise ses sympathisants à déserter la scène démocratique pour investir la confrontation pure et simple. Les motivations ne trompent pas. Il s’agit bien d’une dérive autoritaire d’une partie de la gauche. De fait, c’est de la gauche que viennent les destructeurs de plants OGM pourtant autorisés, les activistes animalistes, les zadistes ou les black blocks. C’est encore de la gauche que viennent ces minorités qui tentent d’imposer la censure dans les universités, qui se permettent d’empêcher la venue d’un conférencier, qui s’opposent à la tenue d’un débat. Mais, depuis quelque temps, il s’agit d’empêcher un candidat à l’élection présidentielle de faire campagne, d’interdire ses meetings, au nom du fait que l’on ne partage pas ses idées. Malheureusement, des élus se trouvent aussi impliqués dans cette contestation des règles démocratiques, des élus de LFI, mais aussi du PCF et même du PS. J’ai déjà signalé dans ces colonnes que nous nous engagions dans un processus inquiétant de «désinstitutionnalisation». Abstention, violence et appels à la censure témoignent de l’affaiblissement du rôle de l’élection dans la régulation de nos conflits et de nos désaccords. Nous sommes sur le chemin de la confrontation violente. Les mêmes, censeurs et activistes, ne pourront s’étonner ensuite de voir croître davantage encore la demande d’ordre public, ce qui profitera principalement à la droite.

La vidéo d’entrée en campagne d’Éric Zemmour a été interdite aux mineurs sur Youtube. Que vous inspire cette limitation de la liberté d’expression par les GAFAM ?

Voilà bien ce qui devrait mobiliser l’extrême gauche. Curieusement, elle n’en a cure. Pourtant, la numérisation des espaces publics fait surgir la menace de tyrannies transnationales privées. C’est l’un des grands défis auxquels sont confrontées nos démocraties. Nos opinions, nos débats, nos médias sont désormais placés sous l’autorité d’entreprises capables de souveraineté dans le monde numérique, ce qui n’est plus tout à fait le cas des États démocratiques. Notre corpus législatif, nos institutions, nos traditions politiques ne suffisent plus à garantir notre liberté d’opinion. Les normes édictées pour des raisons qui leur sont propres par des entreprises étrangères prennent peu à peu la place de lois votées par nos assemblées élues. Par naïveté, ignorance ou intérêt, ces entreprises ont abandonné toute neutralité. Elles assument des préférences politiques et morales, elles aspirent à un certain type de société à l’avènement duquel elles œuvrent sans avoir besoin ni de débats ni de nos suffrages. Leur pouvoir procède de leur position monopolistique, de leurs algorithmes, tenus secrets, de l’accumulation de formidables quantités de données et d’argent. Nos libertés pourraient ne pas survivre à ce nouvel ordre moral global.

Le Figaro

Fdesouche sur les réseaux sociaux