Un collectif d’universitaires a signé jeudi une tribune dans Libération afin de dénoncer l’«anticommunisme fervent» et les «prises de position extrémistes» du prix Nobel de littérature entré le mois dernier à l’Académie française. Il lui reproche son soutien à José Antonio Kast, candidat d’une droite radicale à la présidentielle chilienne.
L’entrée de Mario Vargas Llosa à l’Académie française aurait été ni plus ni moins qu’une «erreur, voire une faute» des Immortels. Voilà l’amer constat dressé par une tribune publiée jeudi dans les pages de Libération , quelques jours après le soutien apporté par l’écrivain péruvien à José Antonio Kast, le candidat conservateur à l’élection présidentielle du Chili. Cet engagement s’inscrit dans une longue suite de prises de position dérangeantes du prix Nobel 2010 de littérature, observe un collectif de professeurs et de chercheurs universitaires, en s’indignant «avec stupéfaction» de l’indifférence apparente de l’Académie pour le sujet, un mois après sa réception au fauteuil de Michel Serres.
(…) Soutien successif du président colombien radical Iván Duque, de la sulfureuse candidate à l’élection présidentielle péruvienne Keiko Fujimori, complaisant vis-à-vis du souvenir du régime de Pinochet, au chili, et proche de cercles franquistes en Espagne, l’écrivain aujourd’hui âgé de 85 ans fait ainsi un étrange Immortel, notent les signataires de la tribune. «Peut-être l’Académie a-t-elle considéré que l’écrivain péruvien incarnait l’idéal de l’écrivain engagé issu des Lumières.» Surtout, son entrée sous la Coupole «ternit l’image de la France en Amérique latine où les prises de position extrémistes de Mario Vargas Llosa sont bien connues et suscitent depuis longtemps un fort rejet», estime le collectif.