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Les comportements reproductifs en fonction du sexe des enfants déjà nés : est-ce qu’il existe une préférence pour les garçons en Afrique Subsaharienne ?

La configuration de la famille en Afrique subsaharienne offre une étude de cas propice pour articuler et analyser les liens entre fécondité et préférence quant au sexe des enfants. C’est en effet une région qui a une forte tradition nataliste, cependant on observe depuis une trentaine d’années une baisse régulière de sa fécondité. Le désir d’une composition particulière pourrait ainsi être plus visible qu’auparavant dans cette région du monde, puisque cela aurait pour effet de favoriser l’agrandissement des familles. La thématique a été jusqu’à aujourd’hui peu abordée dans le contexte subsaharien où l’on assiste pourtant à une socialisation genrée des enfants. Ainsi, dans une approche sociodémographique nous voulons tester l’hypothèse selon laquelle les familles subsahariennes constituées exclusivement de filles s’agrandissent davantage que les autres types de familles. Nous appliquerons, en utilisant les données de recensement et des enquêtes démographiques et de santé dans 11 pays d’Afrique subsaharienne, des modèles de survie (estimateur de Kaplan-Meier et régression de Cox) pour calculer la probabilité pour un enfant d’avoir un cadet selon son sexe et celui des enfants le précédant.

Nous attendons que la répartition par sexe des enfants survivants favorise la fécondité que
lorsqu’elle est totalement déséquilibrée, avec exclusivement des filles. En effet, nous pensons que c’est la configuration – plus rare – comportant uniquement des enfants du même sexe qui pousserait les couples à augmenter leur descendance tandis que la composition sexuelle mixte de la descendance apparaît plus satisfaisante. Au vu des hypothèses évoquées en amont, nous nous attendons à ce que la composition par sexe des enfants déjà nés influence les probabilités d’agrandissement des familles. Nous supposons que les familles constituées exclusivement de filles s’agrandissent davantage et plus vite que les autres types de familles, ce qui voudrait dire que les mères sont en quête d’au moins un garçon.

Nous présentons ici les résultats du Nigeria, calculés à partir de l’EDS de 2018 (Figure 1).
Les analyses de premier niveau de la transition des différentes parités corroborent partiellement l’hypothèse de l’influence de la composition par sexe des enfants déjà nés et en vie sur l’agrandissement des familles nigérianes. Notons toutefois que le différentiel reste faible quoique marqué pour les rangs 2 et 3. En effet, il apparaît, de la transition de la parité 2 à 3 jusqu’à la transition de la parité 3 à 4, que les familles constituées exclusivement de filles ont significativement plus tendance à avoir un enfant supplémentaire et qui plus est plus rapidement que celles constituées exclusivement de garçons ou celle à composition mixte. C’est le signe que la préférence pour les fils devient peut-être un déterminant de la fécondité dans les famille nigérianes. Après la première naissance où aucune différence n’est notée, une pression semble s’exercer sur les femmes qui n’ont donné naissance qu’à des filles.

INED

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