Une quarantaine d’habitants des environs du bar Au Rendez-Vous des Pêcheurs, à Baud (Morbihan) sont venus soutenir le gérant après l’agression dont il a été victime, ainsi que quatre clients jeudi soir. Lors de cette réunion, Nicolas Troudet a indiqué qu’il comptait rouvrir son établissement ce mercredi 23 décembre 2021, mais aussi lancer une pétition.
(…) Ouest-France
L’affaire est ubuesque, révoltante même, mais parfaitement dans l’air du temps et témoigne de l’abandon progressif de la population par les autorités.
Jeudi 16 décembre 2021, bar Au Rendez-vous des pêcheurs, à Baud (Morbihan). Nicolas Troudet, le patron d’un des derniers établissements encore ouverts sur le secteur, là où d’autres ont fermé boutique sous le poids de la crise et des contraintes sanitaires délirantes, se démène dans son bar (qui fait aussi salle de jeux pour les plus jeunes) qui accueille également devant chez lui un camion pizza.
Trois hommes arrivent. Ils se réclament immédiatement des « gens du voyage », et apparaissent « chauds » selon le témoignage recueilli (« plus drogués qu’alcoolisés » semble indiquer le tenancier). Au départ, tout se passe bien avec les personnes présentes dans l’établissement, dont de nombreux jeunes de 16-17 ans qui jouent aux fléchettes, au flipper, dans une ambiance bon enfant.
Les trois individus, dont un mineur, commandent à manger, et à boire, et se mettent au fur et à mesure de la soirée à importuner les clients, qui partent, petit à petit. Le tenancier, affairé derrière son bar, ne s’en rend pas compte directement. Mais vers 23 h, les hommes se présentent au comptoir, et commencent à être menaçants. Le tenancier leur demande alors de quitter les lieux, ce qui provoque la furie et un déchainement de violence qui choque encore aujourd’hui Nicolas Troudet qui nous confie avoir eu réellement très peur, pour lui, mais surtout pour toutes les personnes encore présentes dans l’établissement.
4 côtes cassées pour un voisin, un client poursuivi et attaqué avec une scie
Il ne parvient pas à se défaire des individus, ni à téléphoner, l’établissement étant en zone blanche, abandonnée des services téléphoniques. Les individus se mettent alors à tout casser, et à frapper ceux qui s’interposent. Ils iront même jusqu’à lyncher un voisin, croyant que le tenancier s’était réfugié chez lui. Plusieurs côtes cassées, la tête en sang, ne se souvenant plus de son âge, il sera pris en charge par les pompiers, grièvement blessé.
Mais le déchainement de violence ne s’arrête pas là : un client se fait poursuivre avec une scie par l’un des trois individus, qui le rattrape et le blesse, là encore grièvement. Le tenancier, réfugié dans la chambre froide de l’établissement, est parvenu entre temps à appeler la gendarmerie via son téléphone fixe et à fermer l’établissement profitant de la sortie des gens du voyage qui pourchassaient d’autres clients.
La gendarmerie nationale mettra…30 à 40 minutes pour arriver sur place. Autant dire que les trois individus auraient eu le temps de massacrer tout le monde.
Ils continueront à s’en prendre à l’établissement, à ses vitrines, puis finiront par partir après avoir été gazés à la lacrymogène par le tenancier. Sur la route, ils manquent de percuter les Gendarmes arrivant..enfin, dans l’autre sens, et qui les prennent en chasse… avant de faire demi-tour en s’apercevant que ces derniers s’engouffrent dans un camp de Gens du Voyage du côté de Pluméliau. La République française… forte avec les faibles, mais incapable de mettre hors d’état de nuire les voyous…
Du côté des victimes, 10 plaintes ont été déposées. Trois ont passé la nuit et une partie de la journée de vendredi à l’hôpital. Le tenancier est profondément choqué, meurtri par ce qu’il appelle « une scène d’horreur ».
La Gendarmerie nationale botte en touche
La Gendarmerie nationale, questionnée par nos soins sur sa passivité, et son abandon de personnes en danger, bottera en touche et nous expliquera… qu’elle ne peut pas communiquer, qu’une enquête est en cours.
Une enquête qui, une semaine après, n’a toujours rien donné, alors même que les individus venus semer la violence Au rendez-vous des pêcheurs sont identifiés. Ils ont même laissé une carte de visite en rentrant (il s’agit d’une société d’espaces verts immatriculée récemment dans le 56, dont la camionnette a été repérée à de nombreuses reprises ces dernières semaines à proximité de lieux cambriolés, ou dégradés, comme chez des agriculteurs, ou des chasseurs qui ont vu certaines armes dérobées).
Nicolas Troudet, bien que choqué, tient à rouvrir son commerce, mercredi soir. Et se sent soutenu par la population, lui l’enfant du pays, qui avait convié celle-ci à venir le soutenir dimanche soir. Ils étaient pas loin de 60, chasseurs, agriculteurs, locaux, révoltés par ce qu’il s’est passé. Révoltés aussi de se sentir si impuissants, face à des individus qui se pensent au-dessus des lois, et face à qui les autorités de la République ont peur.
« Cerise » sur le gâteau, la première question posée par un Gendarme juste après le déchainement de violence (des gendarmes qui ont laissé les pompiers arriver en premier, les mettant là aussi en danger) concerna… le pass sanitaire. Ainsi, il posa la question à Nicolas Troudet à savoir si ce dernier avait contrôlé, dès leur entrée, le pass sanitaire de ces individus : « vous imaginez la scène, moi, mes 70kg, demandant à trois individus baraqués entrant dans mon établissement et se montrant plutôt chaud leur pass sanitaire ? On marche sur la tête ».