Pour défendre l’érection du drapeau européen à l’arc de Triomphe, plusieurs politiques ont mis en avant une idée fixe : « l’Europe c’est la paix ». Mais ce récit survit-il vraiment à l’épreuve des faits ? Pas du tout, selon l’historien Olivier Delorme, qui estime que « la première cause de la paix en Europe c’est l’écrasement de l’Allemagne en 1945 ».
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Marianne : Sur Vie-Publique.fr, site d’information sous l’égide de Matignon, on peut lire : « Favoriser l’établissement d’une paix durable est la principale raison à l’origine de la construction européenne ». Qu’est-ce que cela vous évoque ?
Olivier Delorme : C’est faux. Historiquement, l’Union Européenne est une construction de guerre froide et non de paix. Elle émane de la volonté des Américains d’unifier un marché afin de favoriser la pénétration de ses produits. Ainsi, les premières conséquences de la création, en 1951, de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) ce sont l’arrêt des achats de charbon polonais puis la fermeture de mines françaises au profit de l’importation de charbon américain. Les États-Unis craignaient que la fin de la guerre marque le retour de la récession à la suite de la grande crise de 1929. Ils veulent donc organiser économiquement en même temps que militairement, le morceau d’Europe occidentale qui ne passe pas sous influence soviétique.