Le 5 janvier, dessinateurs, journalistes et humoristes se sont retrouvés place du Colonel-Fabien, à Paris, pour parler liberté d’expression, sept ans après l’attentat.
(…) Autour du secrétaire national, des artistes sont présents pour cet hommage : l’humoriste Sophia Aram, le dessinateur Xavier Gorce. Ainsi que la DRH de Charlie Hebdo, Marika Bret. Dans la salle, on compte le dessinateur Plantu et l’essayiste Caroline Fourest. Entre les interventions des invités et le débat qui s’installe avec la salle, le besoin se ressent de se parler entre ceux qui accusent la gauche d’avoir « déserté » le combat pour la défense de la laïcité et le PCF. Sophia Aram insiste ainsi sur « le droit au blasphème, pierre angulaire de la liberté d’expression, n’en déplaise à tous les cons ». Xavier Gorce souligne une « peur insidieuse » contemporaine d’une époque où les réseaux sociaux s’enflamment vite : « celle de passer pour un réac, un raciste, un islamophobe ». Et le dessinateur de pointer la « responsabilité des mouvements de gauche », qui doivent « arrêter de céder du terrain face à ces injonctions ». Marika Bret considère qu’il faut « arrêter d’avoir peur du débat » sur les sujets liés à la laïcité : « Dans les lycées, c’est un peu vif, mais quand on leur explique, ça se passe très bien. »
Caroline Fourest, proche du Printemps républicain, se félicite de cette soirée hommage, jugeant qu’une dizaine d’années auparavant, « elle aurait été évidente ». « Ces anathèmes nous ont divisés, isolés, regrette l’essayiste : La laïcité serait islamophobe ? C’est de la folie, cessons d’utiliser ce mot », lance-t-elle, appelant plutôt à lutter « contre le racisme antimusulman ». Le débat gagnerait aussi en sérénité à arrêter les anathèmes sur l’islamo-gauchisme.
Reconnaissant les différences qui peuvent persister entre tous, le secrétaire national du PCF a lui aussi insisté sur l’importance du « droit au blasphème », le reliant également au droit fondamental de « ne pas être discriminé ». Il s’est néanmoins montré désireux de poursuivre le dialogue en perpétuant l’esprit Charlie. « Continuons à tisser ces liens qui nous font du bien », a-t-il proposé en fin de soirée. Il envisage « peut-être un autre rendez-vous l’année prochaine, peut-être même tous les ans ». Pour Fabien Roussel, il est temps de « défendre plus que jamais ces valeurs universalistes qui sont les nôtres et qui nous sont très chères ».
(…) L’Humanité