Exposition au Camp des Milles : les mécanismes de la propagande. Via l’exemple nazi, l’expo “Comment l’extrémisme veut tromper le peuple” les explique bien au Camp des Milles
L’enfer, c’est les autres… Piégé dans un embouteillage ou en découvrant une catastrophe écologique dans les toilettes publiques, il est humain de s’approprier la célèbre formule de Sartre à l’inverse du sens qu’il entendait lui donner. Qui n’a pas cédé un jour à la détestation de ses semblables jettera la première pierre.
Là où la formule devient en revanche beaucoup plus problématique, c’est quand elle devient : L’enfer, c’est “certains” autres, victimes expiatoires et boucs émissaires chargés de tous nos maux. Au prétexte d’une couleur de peau, d’une religion, d’une opinion politique ou d’être né dans un autre pays… Forcément faux, mais levier pratique pour prendre le pouvoir avec un message simple, particulièrement en temps de crise. […]
La Provence / Vidéo de présentation sur Arte.tv
Site-mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence
Dossier de présentation de l’exposition (du 11/12/21 au 30/06/22) :
En accueillant et en adaptant cette très belle et nécessaire exposition du Musée Mémorial de l’Holocauste de Washington (USHMM) sur la propagande nazie, la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation n’a pas seulement pour ambition de faire œuvre de mémoire et de présenter aux visiteurs le contexte, les méthodes et les conséquences d’un des vecteurs qui a mené à la pire des tragédies du XX° siècle. Il s’agit aussi de faire œuvre d’éducation, d’alerter, d’appeler à la vigilance les citoyens sur les moyens que les extrémistes emploient pour être portés au pouvoir légalement avant de mettre à bas la démocratie et de soumettre le peuple qu’ils sont censés servir.
[…]Bien sûr, les conditions historiques dans lesquelles ces propagandes ont prospéré jusqu’à emporter tout un peuple, sont particulières et ont peu de chances de se reproduire à l’identique. Mais nombre d’éléments fondamentaux semblent ressurgir actuellement. Nous renvoyons pour cela à l’analyse développée dans le Volet Réflexif de notre parcours muséographique qui décrit le processus qui peut mener de la démocratie à un régime autoritaire et qui semble s’être enclenché à nouveau aujourd’hui en France comme ailleurs. Il explique, entre autres, comment les extrémismes, les racismes, I’antisémitisme et la xénophobie sont les moteurs des engrenages qui peuvent conduire à des horreurs dont l’humanité a fait l’expérience douloureuse. Le visage de l’extrémisme ne porte pas toujours une petite moustache…
À travers cette exposition, c’est la capacité des extrémistes à faire croire à leur démagogie qui est mise en lumière. Une stratégie pourtant simple à décrypter. Plus simple certainement que celles qui se développent aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
Elle se résume en un paradoxe que doivent résoudre ceux qui portent ces ambitions radicales : comment accéder au pouvoir démocratiquement pour mettre à bas la démocratie ?
Il n’y a qu’une réponse à cette question : le mensonge. Ceux qui empruntent la voie des élections sont donc condamnés à la dissimulation : ils avancent masqués. Sauf dans les moments où ils croient utiles de provoquer pour intéresser. Et c’est tout le défi opposé aux démocrates.
Il convient alors de lutter fermement contre les mensonges, les simplifications, les généralisations abusives, les fausses vérités assénées avant que la violence ne soit installée au pouvoir. La propagation “d’idées fausses et d’errements intellectuels est le coup de force rhétorique qui a toujours ouvert la voie aux coups de force physique”
Nous commençons à bien comprendre, notamment grâce à de telles expositions, une des fortes leçons de l’histoire: les extrémismes identitaires doivent être combattus avec force et le plus tôt possible car ils peuvent conduire rapidement, par généralisations abusives et par amalgames démagogiques, à d’innombrables injustices ou persécutions individuelles, à des affrontements collectifs, à l’exclusion mentale, sociale, institutionnelle de populations entières. […]
Le site-mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence
Le camp des Milles était un camp d’internement et de déportation français, ouvert en septembre 1939, dans une usine désaffectée, une tuilerie, au hameau des Milles sur le territoire de la commune d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Entre 1939 et 1942, il a connu l’internement d’étrangers et de résistants de 39 nationalités pour devenir finalement une antichambre d’Auschwitz avec la déportation de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants juifs en août et septembre 1942 dans le cadre de la Shoah. Il est le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et il devient accessible au public avec l’ouverture d’un Site-Mémorial sur les lieux mêmes à l’été 2012.