ANALYSE – L’année 2021 signe un retour aux tendances constatées avant la crise sanitaire, avec très peu d’expulsions de clandestins.
• Explosion des acquisitions de nationalité française
Depuis le début du quinquennat, jamais le nombre d’étrangers devenant français n’a été aussi élevé : plus de 94.000 acquisitions de nationalité (53 %). Cette évolution est portée par plus de 75.000 acquisitions par décret (79 %), « en lien avec la facilitation des procédures pour les étrangers “en première ligne”, impliqués de manière active dans la lutte contre le Covid-19 » et par « les gains de productivité à toutes les étapes de la procédure », se félicite l’Intérieur.
• Plus 100.000 contrats d’intégration signés
La France a aussi largement tendu la main aux nouveaux arrivants. « Nous revenons progressivement au niveau d’immigration d’avant la crise sanitaire », constate un cadre de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Avec 109.000 contrats d’intégration républicaine (CIR) signés, ce marqueur de l’immigration légale dépasse son niveau de 2019 (1,2 %).
• La délivrance de visas de long séjour s’intensifie
Selon la Direction générale des étrangers en France (DGEF), « la délivrance de visa s’inscrit en hausse en 2021 (2,9 %), avec un total de 733.069 visas délivrés ». On est loin des 3,5 millions de visas accordés avant la crise du coronavirus. En cause : la chute des déplacements internationaux.
Mais attention : l’an dernier, si la délivrance des visas de court séjour a connu une nouvelle baisse (- 10 % par rapport à 2020), celle des visas longs s’est redressée (54 %). « Avec 229.094 visas long séjour délivrés, cette hausse efface presque entièrement la chute de l’année 2020 (236 246 en 2019) », souligne la DGEF. À noter : « une très forte progression » des visas accordés aux Saoudiens, troisièmes derrière…
• Les éloignements en berne
Les services de l’État restent largement paralysés quand il s’agit d’expulser les clandestins, surtout en période de coronavirus : 10.000 retours forcés l’an dernier (10 %), contre un peu moins de 19.000 en 2019 (à rapporter aux 120.000 obligations de quitter le territoire (OQTF) signifiées cette année-là). Le taux d’exécution de ces mesures était de plus de 22 % sous Sarkozy ; il a été divisé par deux aujourd’hui. En comptant tous les types d’éloignement (aide au retour comprise), l’administration parvient péniblement à cumuler 16.819 départs en 2021 (5,5 %), contre 31.404 en 2019.
Demandes d’asile, expulsions, délivrance des visas… Tous les secteurs de l’immigration ont montré de premiers signes de reprise en 2021, après une année 2020 de chute record des flux migratoires, selon les statistiques publiées jeudi sur ce dossier brûlant en pleine campagne présidentielle.
Avec 104.577 premières demandes d’asile enregistrées dans les guichets uniques dédiés (Guda), ce chiffre a grimpé de 28,3% en 2021, selon les données provisoires dévoilées par le ministère de l’Intérieur. Une hausse accentuée par l’évacuation de milliers de ressortissants afghans de Kaboul, après la prise de pouvoir des talibans mi-août 2021.
L’Afghanistan conforte ainsi sa place de principal pays d’origine des demandeurs d’asile en France, avec 16.126 dossiers déposés (+62%), loin devant la Côte d’Ivoire (6.268), le Bangladesh et la Guinée.
Cette demande de protection reste très loin des niveaux d’avant-crise sanitaire, lorsque 138.420 premières demandes étaient introduites en 2019. La pandémie “a encore contraint les flux migratoires en 2021“, a résumé le ministère de l’Intérieur, affirmant que la demande d’asile a été “inférieure à (ses) prévisions“. Reste que même modérées, ces arrivées continuent de déstabiliser les capacités d’accueil en France, où les campements insalubres ressurgissent à intervalles réguliers.
“Nous avons toujours deux défis devant nous: d’une part l’hébergement des demandeurs d’asile et d’autre part l’accompagnement des réfugiés vers l’autonomie, qui passe par l’accès à l’emploi et au logement“, convient Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. […]