Entrée à l’Académie française en 2019, Barbara Cassin se mobilise pour l’accueil des migrants. Elle s’est attelée à l’écriture de « glossaires bilingues de l’administration » pour faciliter leur installation.
Son prénom lui va comme un gant. « Barbara » est issu d’un vieux mot grec qui désignait l’étranger, le barbare. Celui qui ne parle pas le grec et qu’on ne comprend donc pas. Le mot vient d’une onomatopée : « Celui qui dit bla bla bla », résume Barbara Cassin. Du pain bénit pour cette philosophe et traductrice, spécialiste du grec ancien, qui a choisi de se tenir « sur les bords, du côté des barbares ».
Elle le dit avec gravité. L’académicienne n’hésite pas à quitter le ciel des idées pour se coltiner le réel, ce qu’elle fait en se portant vers l’accueil des migrants. Elle y voit « une ardente obligation ». Barbara Cassin fait avec les armes qui sont les siennes, la parole et la traduction. Car traduire, c’est comprendre. Et « comprendre est le meilleur moyen ne pas laisser gagner la peur », dit l’académicienne, dont la crinière ébouriffée est comme un signe d’indocilité.
En 2017, elle lance, avec un petit groupe d’amis, l’association Maisons de la sagesse-Traduire pour faciliter l’accueil des nouveaux arrivants. Barbara Cassin y voit « une tentative de réponse à l’inacceptable que constitue l’absence d’accueil et d’hospitalité. » L’opération se concrétise par l’écriture de « glossaires bilingues de l’administration française ». Parce que « le premier contact d’un étranger qui arrive en France est avec l’administration ». […]