Coauteur de « La France sous nos yeux », le journaliste et essayiste Jean-Laurent Cassely décrypte la politisation de l’alimentation et les « fractures » qui y apparaissent.
« Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française », affirmait récemment sur France 3 le candidat communiste à l’élection présidentielle, Fabien Roussel. Alors qu’elle se voulait rassembleuse, sa déclaration a suscité de très vives réactions, notamment à gauche. Comment comprendre cet emballement ?
D’où les critiques sont-elles venues ?
De son propre camp. D’un côté, il y a les militants écologistes et en faveur du bien-être animal qui ont été choqués par sa promotion de l’alimentation carnée. Et puis il y a une autre critique, celle de la gauche « morale », qui voit dans cette glorification du régime alimentaire franchouillard, très « saucisson-pinard », un appel du pied à une droite identitaire et nationaliste. Sandrine Rousseau, l’ancienne candidate aux primaires des écologistes, qui est le porte-drapeau d’une gauche qui défend une version plus métissée, inclusive de l’alimentation, a d’ailleurs réagi à la déclaration de Fabien Roussel par un simple tweet : « Le couscous, plat préféré des Français… »
Il existe donc une véritable fracture alimentaire à gauche ?
Le débat politique s’est déporté vers des sujets culturels au détriment de sujets socio-économiques.
(…) Il y a un aspect nostalgique dans cette défense du repas à la française. Ce dont on se rend compte au travers des réactions outrées que ça a déclenché, c’est qu’en fait, il n’y a plus d’assiette commune, de référentiel qui fait consensus. Ça révèle aussi que le stomacal, le gastrique sont désormais politiques.