Jordan Peterson est indiscutablement l’intellectuel canadien vivant le plus connu dans le monde.
Les livres de ce professeur émérite de psychologie à l’Université de Toronto se vendent par millions et sont traduits dans des dizaines de langues.
Il vient de démissionner et s’en explique dans une lettre, devenue virale, parue dans le National Post de mercredi.
Hypocrisie
Il adorait son université et pensait y travailler jusqu’à ce que l’on doive, dit-il, « traîner mon squelette hors de mon bureau ».
Il quitte son poste parce que ses étudiants de doctorat mâles et blancs ont des chances minimes, dit-il, de se trouver des postes universitaires, malgré leurs dossiers exceptionnels, en raison des quotas imposés au nom de la « diversité, l’équité et l’inclusion ».
Ces politiques furent imposées, dit-il, bien que les comités d’embauche fassent tous les efforts raisonnables depuis longtemps pour s’assurer qu’aucun candidat issu d’une minorité ne soit oublié s’il a les compétences requises.
La vérité, dit Peterson, que tous savent mais taisent, est qu’il n’y a pas assez de candidats qualifiés issus de ces minorités pour atteindre ces cibles sans baisser les critères. Donc, on les baisse.
On voit déjà les lamentables résultats, dit-il, dans la bouillie pseudo-scientifique produite par nombre de gens se penchant sur le racisme, le genre, l’identité, etc.
Ses jeunes collaborateurs sont aussi, ajoute-t-il, sur une liste noire parce que Peterson lui-même est persona non grata dans de larges pans du monde universitaire en raison de ses positions idéologiques.
Liste noire dans l’enseignement universitaire ? Mathieu Bock-Côté pourrait vous en raconter de belles là-dessus.
Tous ses collègues, poursuit Peterson, doivent, pour obtenir du financement, remplir de longues déclarations d’adhésion à l’évangile de la diversité.
Dans un passage qui choquera beaucoup, Peterson écrit :
« Ils mentent tous (sauf pour une minorité de vrais croyants) et enseignent à leurs étudiants à faire pareil. Et ils le font constamment, avec diverses rationalisations et justifications, corrompant encore plus ce qui est déjà une entreprise étonnamment corrompue (“a stunningly corrupt enterprise”) ».
Tous ces gens acceptent aussi, déplore-t-il, de participer docilement à des ateliers de rééducation contre leurs supposés biais racistes, donnés par des employés en ressources humaines qu’il juge doctrinaires, condescendants et « suprêmement non qualifiés ».
Ceux qui nient cela font de l’aveuglement volontaire (il le dit moins poliment).
Toute cette idéologie née dans les universités percole ensuite dans les entreprises, les ordres professionnels, les médias, les arts, entraînant parfois les départs écœurés de ceux qui n’en peuvent plus de cette rectitude étouffante (Tara Henley de la CBC, Bari Weiss du New York Times, etc.)
Beaucoup traversent cette révolution en feignant d’être d’ardents partisans. Leur comédie hypocrite accentue le problème.
Poutine
Il cite un récent discours de Vladimir Poutine qui se frotte les mains de voir se répandre en Occident ce poison idéologique digne, dit-il, de… l’ex-parti communiste de l’URSS.
C’est Poutine qui le dit !
Peterson a donc dit : assez, je pars !
Évidemment, il a les moyens de le faire. Ce n’est pas le cas de la plupart.