Franck Allisio a annoncé mardi lors d’une conférence de presse qu’il se retirait, avec d’autres élus, du groupe municipal marseillais dirigé par Stéphane Ravier, qu’il considère ambigu avec Éric Zemmour. Le sénateur RN dénonce un “appel au flingage” et demande des explications à Marine Le Pen sur les méthodes utilisées par son conseiller. Entretien.
Valeurs actuelles. Quatre membres de votre Conseil municipal à Marseille ont décidé de vous quitter après une conférence de presse de Franck Allisio. Pourquoi ?
Lundi, Sophie Grech, élue RN, a décidé d’apporter sa promesse de parrainage à Éric Zemmour. Très vite, dans vos colonnes, j’ai fait savoir que je souhaitais conserver Mme Grech dans mon groupe. Elle a été exclue du parti, et je ne peux pas m’y opposer n’étant pas membre de la commission des conflits, mais j’envisageais qu’on puisse avoir un groupe de huit conseillers municipaux et une apparentée. Ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire. Le maire de Marseille, par exemple, possède une majorité avec des communistes qui ont un candidat à la présidentielle, des insoumis qui ont un candidat à la présidentielle et des Verts qui ont formé un groupe mais qui appartiennent toujours à la majorité. On peut aussi parler de Renaud Muselier, dont la majorité va du PS à LR en passant par les macronistes.
Dans notre propre famille politique, aucune mairie n’est gérée exclusivement avec des élus encartés au RN : à Perpignan, Fréjus, Beaucaire ou Moissac, les équipes sont plurielles. On ne demande pas aux gens de prendre une carte, mais de défendre les intérêts de leur commune et des habitants. Il y a des adjoints venus du RN, de LR, de la société civile, non-encartés… C’est ça, la vie d’un groupe municipal, qu’il soit majoritaire ou minoritaire ! Par exemple, David Rachline, maire de Fréjus, est également vice-président d’une communauté d’agglomération dirigée par un LR. Va-t-on lui demander de quitter sa vice-présidence si le président de la communauté d’agglomération n’accorde pas son parrainage à Marine Le Pen ? Bien-sûr que non, ce serait absurde !
À l’heure où nous affirmons vouloir réaliser l’union nationale de « Zemmour à Montebourg », selon les mots de Marine Le Pen, le parti ne pourrait pas supporter d’avoir une élue qui parraine Eric Zemmour dans un de ses groupes municipaux ? La culture de gouvernement, c’est considérer que la diversité politique est une force autour d’un projet commun et pas une faiblesse. On ne relèvera pas Marseille, ni la France, avec uniquement des membres du RN, nous avons besoin de tous les patriotes.
Que vous reproche-t-on ?
On m’a dit qu’il fallait que je revienne à la raison, que je n’étais pas loyal. Ce que les quatre élus concernés oublient, c’est que je les ai choisis. Je ne suis pas d’accord avec cette idée que l’on devrait toujours son élection au parti. Non, on la doit aux électeurs, devant lesquels on s’est présentés en portant des idées et un projet. On n’est pas nommés par le parti. Et même dans un scrutin de liste, normalement si on est choisis c’est pour des compétences, pour ce qu’on apporte, ce qu’on représente.