Pour la première fois depuis le début du procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam est interrogé sur le fond du dossier. Ce mercredi, au premier jour de son interrogatoire qui doit en durer deux, le dernier membre encore vivant des commandos a réitéré son allégeance au groupe Etat islamique devant la cour, tout en insistant sur le fait qu’il n’a “tué personne”.
“Je tenais à dire aujourd’hui que je n’ai tué personne, et que je n’ai blessé personne”, a affirmé le Français de 32 ans ce mercredi, au cours d’une déclaration spontanée avant son interrogatoire. Si le rôle que devait tenir Salah Abdeslam dans les attaques du 13 novembre 2015 reste flou, les enquêteurs estiment que le “soldat de l’Etat islamique”, comme il s’était présenté en septembre à l’ouverture du procès, devait commettre ce soir-là un attentat-suicide dans le XVIIIe arrondissement de Paris, mais qu’il y a renoncé à la dernière minute ou en a été empêché par un dysfonctionnement de sa ceinture explosive. “Même une égratignure, je ne l’ai pas faite, s’est-il défendu ce mercredi. C’est important pour moi de le dire, car depuis le début de cette affaire, on n’a cessé de me calomnier.”
“Moi, l’Etat islamique, je les soutiens, je les aime”
“On ne peut pas nier que j’ai un parcours de combattant”, a concédé Salah Abdeslam devant la Cour d’assises spécialement composée à Paris, tout en affirmant ne s’être jamais rendu en Syrie. Il nie également avoir été au courant du retour en Europe d’Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le chef des commandos du 13-Novembre, pourtant son “meilleur ami”. Celui qui avait une réputation de “fêtard”, adepte des casinos et des boîtes de nuit, affirme enfin avoir prêté allégeance au groupe Etat islamique 48 heures avant les attentats à Paris.
Ces attaques, Salah Abdeslam les présente comme une réponse “militaire” aux bombardements de la coalition internationale en Irak et en Syrie. “C’était des opérations militaires qui avaient pour but de faire cesser les bombardements de la coalition”, a-t-il affirmé. Les auteurs des attaques “ont répondu à l’agression de la France et de l’Occident, et s’ils ont tué des civils, c’était pour marquer les esprits”, a-t-il ajouté.
Dès le début de son interrogatoire, Salah Abdeslam a de nouveau justifié son appartenance au groupe Etat islamique : “Moi, je suis pour l’Etat islamique, je vois comment Bachar El-Assad, traite son peuple, tue des enfants, des innocents. Moi, l’Etat islamique, je les soutiens, je les aime”, a-t-il déclaré, chemise blanche, les mains croisées devant lui. “Pour moi, le monde occidental impose son idéologie et ses valeurs au reste du monde. On voit que dans beaucoup de pays arabes et musulmans, les valeurs occidentales prennent le dessus sur les valeurs islamiques. Pour nous les musulmans, c’est une humiliation”, a-t-il déclaré.
Salah Abdeslam a également dénoncé les peines “extrêmement sévères” prononcées dans les affaires de terrorisme. “A l’avenir, quand un individu montera dans un métro ou un bus avec un valise remplie de 50 kg d’explosifs et qu’au dernier moment il va se dire : ‘Je vais faire marche arrière’, il saura qu’il n’a pas le droit, sinon on va l’enfermer ou le tuer”.