Le 18 février sur Europe 1, Éric Piolle annonçait soutenir les Hijabeuses qui militent pour pouvoir jouer au football voilées. Benjamin Sire considère que le voile tend à imposer une image radicale de l’islam, au risque d’être utilisé comme une revendication identitaire.
Benjamin Sire est compositeur et journaliste. Il est membre du conseil d’administration du printemps républicain.
[…]Tandis qu’Éric Zemmour et d’autres agitent le spectre du «grand remplacement», la vérité impose de dire que si, selon le Pew Research Center, la part des musulmans augmente sur notre territoire, étant passé de 7,5 % à un peu plus de 10 % dans la dernière décennie, cette évolution ne représente pas une explosion. (Et je parle bien de musulmans croyants et non d’immigration ou de l’ensemble des personnes originaires du Maghreb, d’Indonésie ou d’Afrique subsaharienne, où se mêlent musulmans, athées, chrétiens et autres animistes). Les chiffres sont discutés et discutables et leur précision importe peu dans ce contexte. Ce qui est certain c’est que le voile, lui, s’est répandu comme une traînée de poudre dans nos rues durant la dernière décennie.
[…]Bref, le piège est bien là. Les islamistes et leurs alliés font des happenings pour imposer leurs thèses, les républicains s’en émeuvent légitimement, et l’extrême droite en fait un sujet de campagne pour dérouler son argumentaire raciste qui dépasse de loin la question religieuse. Et plus l’extrême droite progressera, plus la pression s’exercera sur nos compatriotes musulmans pour qu’il fasse un choix entre radicalisation et abandon de leur expression religieuse, entre tentation djihadiste et totale assimilation à fleur d’apostasie contrainte. C’est sans doute ce dont tous les extrémistes rêvent, mais cela constituerait une blessure mortelle pour notre République et les valeurs de tolérance et de commun qui l’ont fondée.