09/05/2022
“Héros de l’islam” : cinq jeunes hommes font l’objet d’une enquête pour avoir fait l’apologie des décapitations d'”infidèles”.
“Toutes ces personnes seraient liées au parti radical Tehreeke-Labbaik Pakistan (TLP), dans le but de maintenir la loi sur le blasphème au Pakistan”, explique l’Audiencia Nacional.
La décapitation du professeur français Samuel Paty devant son école en octobre 2020 a choqué le monde entier. La police a abattu son meurtrier, le réfugié d’origine tchétchène Abdouallakh Anzorov, le jour même, mais l’attaque n’a pas tardé à se répercuter dans les réseaux djihadistes de différents pays. Dans le cas de l’Espagne, l’Audiencia Nacional enquête sur cinq jeunes hommes qui seraient affiliés au parti radical Tehreeke-Labbaik Pakistan (TLP), fondé par le fondamentaliste pakistanais Khadim Hussain Rizvi.
“Parmi les terroristes dont il était fait l’apologie figurent Zaheer Hassan Mahmood, auteur de l’agression à l’arme blanche de deux personnes devant le journal Charlie Hebdo à Paris (France) le 25 septembre 2020, et Abdullah Abuyedovic Anzorov, auteur de la décapitation de l’enseignant français Samuel Paty devant l’école du Bois d’Aulne de Conflans Sainte-Honorine dans le nord-est de Paris (France) le 16 octobre 2020.” Les suspects ont été arrêtés le 24 février, selon une ordonnance à laquelle El Confidencial a eu accès. Par le biais de Tik Tok, Facebook ou Instagram, les enquêteurs soulignent qu’ils étaient présentés comme des “héros de l’islam“.
Parmi les personnes arrêtées figure Ullah Shoaib, un Pakistanais de 31 ans qui vit en Andalousie. Après avoir témoigné en tant qu’enquêteur le 24 février, le magistrat Joaquín Gadea a ordonné son placement en détention provisoire sans caution : “Il existe un risque fondé de fuite et d’évasion effective de l’action de la justice et un risque de récidive criminelle”, prévient l’ordonnance du tribunal. En l’absence de progrès dans l’enquête, le magistrat évoque les possibles délits d’apologie du terrorisme via Internet, de diffusion pour l’incitation à des crimes terroristes ou de recrutement pour intégration dans une organisation terroriste ou réalisation d’actions terroristes.
Outre ses publications sur les réseaux sociaux, l’ordonnance met en avant le matériel qui avait été trouvé dans les appareils saisis : “Une photo avec plusieurs machettes”, des images de “fusils d’assaut et d’armes légères”, un cliché du président de la République française, Emmanuel Macron, accompagné du mot anglais “headshot”,… “l’existence d’un risque de réitération de l’infraction ne peut être ignorée, étant donné que le détenu ne peut être privé de la possibilité d’accéder aux réseaux sociaux, étant donné que des manifestations de nature fanatique et radicale ont été détectées qui, compte tenu des circonstances, pourraient conduire à des actions terroristes“.
“Incitation à décapiter ou à tuer”.
Shoaib a fait appel de son placement en détention, mais la chambre pénale de l’Audiencia Nacional a rejeté ses arguments. “Nous devons prendre en compte le grand nombre de personnes touchées par ses publications, si nous tenons compte du fait qu’il administre ou a administré au moins cinq profils sur les réseaux sociaux“, ont-ils averti dans une ordonnance datée du 29 mars. “Bien que certains de ces profils gardent le nombre de followers caché, il existe des preuves qu’au moins 1 135 profils sont liés à lui”.
À partir de ces comptes, le mis en examen aurait partagé “un grand nombre de vidéos“ du prédicateur pakistanais, se démarquant pour son contenu “dans lesquelles il incite à plusieurs reprises à décapiter ou tuer les personnes qui, selon lui, blasphèment ou offensent le prophète Mohamed“. Parmi les phrases que l’on peut entendre ou écouter dans leurs publications, les enquêteurs citent les suivantes : “Jusqu’au jour du jugement, si quelqu’un dit du mal du prophète, il est condamné à mort“ ; “le châtiment du délinquant est unique” (les gens en arrière-plan répètent : décapiter), et “délinquants sans tête, aujourd’hui deux Pakistanais amoureux du prophète sont venus poignarder quatre infidèles“.
“Comme Al Qaeda ou Daesh”.
Tout au long de ses 10 pages, l’ordonnance décrit le parti radical Tehreeke-Labbaik Pakistan, fondé par le prédicateur susmentionné “dans le but de faire respecter la loi sur le blasphème au Pakistan et de la rendre punissable de mort partout dans le monde”. Avec le fils du prédicateur, Saad Hussain Rizvi, “ils ont déployé des efforts considérables pour obtenir de nouveaux adhérents et un soutien“, pour lesquels “ils profitent souvent du sentiment religieux de leurs adeptes et le manipulent“.
Le magistrat les compare à “d’autres organisations terroristes telles qu’Al-Qaïda ou Daesh”, comme l’ont signalé le Commissariat général à l’Information et ses brigades provinciales de Grenade, Jaén et Murcie. En l’absence de complément d’enquête, l’enquête a abouti à l’arrestation des cinq jeunes hommes : “Tous auraient publié sur Internet (via les réseaux sociaux), des vidéos avec des messages, des discours ou des parties de discours de Khadim Hussain Rizvi et des hommages aux “héros de l’Islam” “.
26/02/2022
Espagne : arrestation de 5 djihadistes pakistanais affiliés au TLP
Les cinq détenus sont des adeptes d’un mouvement classé terroriste au Pakistan, auquel appartenait l’auteur de l’attentat contre les anciennes installations de Charlie Hebdo en 2020.
Des agents de la police nationale ont arrêté cinq citoyens pakistanais -à Barcelone, Gérone, Úbeda (Jaén) et Grenade– pour leur participation présumée aux crimes de collaboration avec une organisation terroriste, glorification et incitation à commettre des actes terroristes. […]
L’enquête a débuté en septembre 2020 après l’attentat commis par le Pakistanais Zaheer Hassan Mahmood à Paris. Ce dernier a grièvement blessé deux personnes à côté des anciennes installations du magazine satirique Charlie Hebdo. Plus tard, il a été découvert que Zaheer Hassan Mahmood était lié à un mouvement pakistanais qui promeut le meurtre de quiconque blasphème contre le prophète ou l’islam.
Face à ce nouveau phénomène terroriste, le commissariat d’information générale et la brigade provinciale d’information de Barcelone ont ouvert cette enquête pour détecter les profils radicaux adeptes de ce mouvement en Espagne. Ceux qui ont fait l’objet d’une enquête et qui sont maintenant détenus ont partagé des harangues d’une extrême violence. Ils ont également salué les actions des terroristes qui avaient perpétré des attentats en Europe et au Pakistan contre des personnes considérées comme blasphématoires.
Afin de maintenir une structure idéologique cohérente, ce mouvement avait constitué un appareil de propagande dans notre pays, qui a créé des contenus pour diffuser et consolider son idéologie violente contre ceux qui critiquent l’islam. […]