Le flot de réfugiés venu d’Ukraine ne se tarit pas, il change de nature. Côté ukrainien, des milliers de migrants syriens, irakiens, afghans ou kurdes pris en otage l’été dernier par le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko se retrouvent désormais mêlés au flux. Coincés là, dans une nouvelle impasse.
Des milliers de migrants originaires d’Afrique, d’Asie et de Proche-Orient arrivent en Ukraine à pieds après plusieurs jours de marche, près de la frontière polonaise
Shehyni, en territoire ukrainien, ce mardi, fin de matinée (…) Des milliers de réfugiés que l’on ne connaît plus que par ce vocable de « migrants » et qui désigne toute immigration ni européenne ni blanche, des milliers de réfugiés irakiens, syriens, kurdes ou africains, des hommes quasi-exclusivement, sont coincés entre deux rangées de barrières métalliques surmontées de barbelés. Parqués, le terme est plus juste, dans un étroit corridor jonché de détritus, d’excréments aussi.
Depuis combien de temps ces gens n’ont-ils pas dormi, ni mangé, ni bu… Depuis combien de temps n’ont plus eu chaud… Debout dans le vent qui vous fend la figure en deux, ils attendent. Quoi on ne sait pas, ils ne sauraient plus le dire puisque la plupart n’espèrent même plus passer la frontière qui est là pourtant, toute proche. Ils attendent c’est tout. Certains s’endorment d’un coup, la tête contre le grillage, d’autres sont prostrés dans un coin. Des miliciens vêtus de gilets jaunes ou verts et armés de batte de baseball maintiennent la discipline que l’on sent fragile. La tension est pour tout dire extrême.
Ces réfugiés-là ne sont pas les bienvenus en Ukraine qui entend s’en débarrasser au plus vite et ils sont encore moins les bienvenus en Pologne où ils ont déjà été refoulés. C’était entre le mois d’août dernier et celui de novembre quand le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, pour protester contre les sanctions de l’Europe à son égard, avait décidé de faire exploser une bombe humaine aux frontières de l’Union.
Des milliers de migrants avaient alors été acheminés en Biélorussie puis jetés contre les frontières lituaniennes et polonaises. Repoussés violemment, la plupart étaient restés en Biélorussie, faute de pouvoir rentrer chez eux. Avec cette guerre, les revoici sur les routes. Loukachenko, allié de Poutine, a ouvert les vannes et les a poussés dehors à coups de pied dans le dos pour se débarrasser de cette population encombrante et, aussi sans doute, ajouter du chaos à l’horreur.
Alors, ces jeunes hommes se sont remis en route. Ils ont marché des jours et des nuits, usant les semelles de leurs mauvaises chaussures de sport de contrefaçon. Et ils ont fini par arriver aux confins de l’Ukraine après avoir parfois tenté de se faire passer pour des étudiants étrangers qui fuient également le pays. (…)