La Journée dédiée à la lutte contre l’islamophobie a pour but de favoriser un dialogue à l’échelle mondiale sur la promotion à tous les niveaux d’une culture de tolérance et de paix fondée sur le respect des droits humains et de la diversité des religions et des convictions. […]
Pour le Pakistan, qui a présenté la résolution au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’islamophobie est une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction des musulmans. Elle est une source d’anxiété dans le monde musulman surtout depuis le 11 septembre 2001 où les attaques, les soupçons et la peur des musulmans ont pris des proportions « épidémiques ». L’islamophobie est amplifiée par certains discours politiques et de nouvelles lois et restrictions de visas, a relevé le délégué en notant aussi qu’elle est visible dans certains médias et dans les discours d’extrême droite qui exploitent la peur de l’islam à des fins électorales. […]
L’Inde, pour sa part, a dénoncé une résolution qui risque d’encourager l’intolérance contre les religions non abrahamiques, y compris l’hindouisme et le sikhisme, arguant qu’il ne faut pas minimiser la peur que connaissent plus d’un milliard de pratiquants de ces autres religions. Ce texte fait fi de l’inclusion et du pluralisme, a tranché la délégation indienne. […]
Le représentant de la France a réaffirmé lutter de façon indiscutable contre toutes les formes de discrimination. Il a relevé que le terme d’islamophobie ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international, contrairement à la liberté de religion ou de conviction. Or c’est cette liberté que défend la France, au même titre que toutes les libertés publiques, par exemple la liberté d’expression ou la liberté de conviction. Cette formule laisse également penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants, or, c’est bien la liberté de croire, de ne pas croire ou le droit de changer de religion que nous devons promouvoir, a expliqué le représentant. Par ailleurs, a-t-il expliqué, en créant une Journée internationale pour combattre l’islamophobie, la résolution ne répond pas à la préoccupation, que nous partageons tous, de lutter contre toutes les formes de discrimination, car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une religion à l’exclusion des autres, sans référence à la liberté de croire ou de ne pas croire. Doit-on donc s’attendre à la création de journées dédiées à chaque religion, à chaque degré de croyance ou de non-croyance? s’est-il interrogé, faisant remarquer que « le calendrier risque de n’y pas suffire », alors que nous avons adopté il y a quelques mois une résolution à la mémoire des victimes de discriminations fondées sur la religion ou la conviction.
Le représentant a indiqué qu’avec l’Union européenne, la France a proposé de rendre le texte plus universel en le recentrant sur la liberté de religion ou de conviction et sur la lutte contre les discriminations affectant les individus. Il a regretté qu’aucune de ses propositions pourtant constructives n’ait été prise en compte. Toutefois, parce qu’elle espère pouvoir revenir à une discussion apaisée sur ces sujets importants et bien que la résolution soit insatisfaisante en l’état, la France a choisi de ne pas s’opposer à son adoption, a-t-il expliqué.
Pour le délégué de l’Union européenne (UE), le texte adopté n’aurait pas dû s’appesantir sur une seule religion et il aurait dû avoir une approche plus universelle. En mettant en avant l’islamophobie, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a mis l’accent sur la protection de la foi islamique et non sur les droits et libertés des hommes et femmes dans leur croyance, a-t-il argué. Pour le délégué, l’ONU devrait s’opposer à toutes les formes de discrimination et c’est pour cela que l’Assemblée générale avait justement adopté une résolution en ce sens afin de commémorer les victimes de violence en rapport avec leur croyance, a-t-il rappelé. Le texte soumis à l’Assemblée générale aurait donc dû être plus inclusif et universel, a dit le délégué qui aurait souhaité par exemple une journée internationale contre toute forme d’intolérance ou de discrimination, incluant ainsi toutes les formes de croyances, y compris la liberté de ne pas croire ou de changer de religion. Il a regretté que toutes ses légitimes préoccupations n’aient pas été prises en compte au cours de discussions, mais a dit que l’UE a choisi de se ranger au consensus. […]
Pour le représentant iranien, il est essentiel que l’ONU reste unie pour lutter contre l’islamophobie, y compris en condamnant des mesures comme l’interdiction de voyager des musulmans, l’interdiction des symboles musulmans et l’utilisation odieuse de termes ignorants comme « terrorisme islamique ». Le délégué a affirmé que le terrorisme, sous toutes ses formes et ses manifestations, ne peut et ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. Il a estimé que le texte adopté ce jour témoigne de notre volonté d’agir efficacement et d’aborder de manière constructive l’islamophobie comme l’un des principaux défis auxquels est confrontée la communauté internationale. […]
Le représentant du Qatar a salué l’adoption d’une résolution qui continue de promouvoir la culture de paix. Le Qatar a créé à Doha le Centre international pour le dialogue interreligieux qui organise une conférence annuelle au cours de laquelle sont examinées toutes les questions émergeantes, a-t-il fait savoir avant de signaler que son pays accueillera cette année la quatorzième conférence internationale interreligieuse. La résolution adoptée aujourd’hui renforcera le dialogue international sur la tolérance à tous les niveaux, a estimé le représentant.
Le représentant du Maroc a salué l’adoption de cette résolution qui montre l’attachement de la communauté internationale à la promotion d’une culture de paix. Il a appelé à promouvoir la tolérance et l’acceptation de l’autre, sur la base des droits humains. Il est de notre devoir de lutter contre toutes les formes de haine, y compris l’antisémitisme et la « christianophobie », a conclu le délégué du Maroc. […]
Le représentant de l’Arabie saoudite a rappelé que l’islam est une religion de paix et de coopération. Il a appelé à mettre fin à la confusion faite entre islam et terrorisme. Le délégué a rappelé que son pays est le berceau de l’islam et qu’il s’oppose à toutes formes de discrimination. […]
Le représentant d’Oman a déclaré que l’islamophobie est un phénomène réel, qui ne fait que s’aggraver. « L’islamophobie est inacceptable », a dit le délégué, en mettant en garde contre les attaques islamophobes sous couvert de liberté d’expression. Il a aussi appelé à lutter contre toutes les formes de discrimination et appelé à ne pas attaquer les symboles des religions, quelles qu’elles soient. « Le respect est une obligation, la coexistence, une nécessité. » […]
Résolution A/76/L.41 “Journée internationale de lutte contre l’islamophobie”
Qu’est-ce que l’Organisation de la coopération islamique ?
[…] une organisation intergouvernementale créée le 25 septembre 1969. Son siège se situe à Djeddah en Arabie saoudite et elle possède une délégation permanente aux Nations unies.Regroupant 57 États membres […] Les buts de l’Organisation de la coopération islamique, définis par une charte élaborée à Djeddah en mars 1972, sont les suivants :
- consolider la solidarité islamique entre les États membres ;
- renforcer la coopération entre les États membres dans les domaines économiques, sociaux, culturels, scientifiques ainsi que dans les autres domaines d’importance vitale et procéder à davantage de consultations entre les pays membres au sein des organisations internationales ;
- œuvrer à éliminer la discrimination raciale et le colonialisme sous toutes ses formes ;
- prendre les mesures nécessaires pour consolider la paix et la sécurité mondiale fondées sur la justice ;
- coordonner l’action pour sauvegarder les lieux saints, soutenir la lutte du peuple palestinien et l’aider à retrouver ses droits et à obtenir par la diplomatie, les territoires revendiqués comme leurs ;
- consolider la lutte de tous les peuples musulmans pour la sauvegarde de leur dignité, leur indépendance et leurs droits nationaux ;
- créer l’atmosphère propre à promouvoir la coopération et la compréhension entre les États membres et les autres pays.