17/03/22
Deux anciens ministres de l’Intérieur, Manuel Valls et Jean-Pierre Chevènement, en fonction en 1998 quand le préfet Claude Erignac a été assassiné, mettent en garde jeudi l’exécutif, chacun de leur côté, sur la situation en Corse, appelant à préserver l’autorité de l’Etat.
En Corse, “nous assistons à un chantage permanent à la violence. Depuis 1975, les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, y compris ceux auxquels j’ai appartenu, sont allés de reculade en reculade”, déplore Jean-Pierre Chevènement dans un entretien à L’Opinion.
“Le suffrage universel, c’est le jet de cocktails Molotov ?”, feint-il de s’interroger. “En Corse, les élus attendent des avancées qui vont dans leur sens et qui leur permettent d’aller contre la loi. Plus on fait de concessions, plus le niveau de violence augmente et l’imbécilité qui va avec”, dit-il.
L’ancien ministre “souhaite bonne chance à M. Darmanin même si évoquer ‘l’autonomie’ n’aurait pas été (sa) manière de faire”, et relève qu’on “a déjà beaucoup concédé” aux nationalistes. “Depuis des décennies, l’Etat arbitre en faveur des nationalistes dont il a peur”, affirme M. Chevènement. “L’Etat est formidable pour se coucher au nom de la paix publique et par souci de la jeunesse. Tout le monde est pour une solution pacifique mais cela ne peut se faire aux conditions des ultra-violents”, met-il en garde.
Manuel Valls pose de son côté, dans un entretien au Parisien Aujourd’hui en France, “une ligne rouge. Attention à ne pas défaire la République et mettre en cause l’unité de la nation française”. “Sinon on ouvrirait la boîte de Pandore dans une société française déjà fracturée”, estime-t-il. (…)
16/03/22
Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, effectue une visite de deux jours en Corse, mercredi et jeudi, à Ajaccio et Porto-Vecchio, après l’agression d’Yvan Colonna et les deux semaines de violences qui l’ont accompagnée.
Dans un entretien exclusif à Corse-Matin, le locataire de la place Beauvau annonce qu’il va engager une “discussion sans précédent autour de la question institutionnelle.” Un processus qui, assure-t-il, sera “logiquement engagé pendant le second mandat du président de la République”, si Emmanuel Macron est réélu. Tout récemment chargé du “dossier corse” par l’Élysée, Gérald Darmanin se dit “prêt à aller jusqu’à l’autonomie. Après, la question est de savoir ce qu’est cette autonomie. Il faut qu’on en discute. “
Le ministre de l’Intérieur, qui témoigne son soutien aux forces de l’ordre, fait également du retour au calme un préalable à toute discussion : “Il ne peut pas y avoir de dialogue sincère en démocratie sous la pression des bombes agricoles et la présence, ou l’omniprésence, des forces de l’ordre.”