25/03/2022
(…) A Copenhague, le ministre de l’immigration, Mattias Tesfaye, a justifié l’adoption du texte par « l’énorme pression » qui menaçait le système d’asile, « si tous les réfugiés ukrainiens devaient faire l’objet d’une évaluation individuelle pour savoir s’ils ont droit à une protection au Danemark ». M. Tesfaye table sur l’arrivée d’au moins 20 000 personnes dans les prochains mois, alors que son pays de 5,8 millions d’habitants a enregistré 2 095 demandes d’asiles en 2021.
Dès le 24 février et le début de l’offensive russe, la première ministre, Mette Frederiksen, avait fait savoir que le Danemark accueillerait les Ukrainiens à bras ouverts. A des journalistes qui lui rappelaient ses déclarations en janvier 2021, quand elle visait « zéro demandeur d’asile », la cheffe des sociaux-démocrates avait rétorqué que sa politique avait toujours été de soutenir les réfugiés « dans leur voisinage ». « Nous considérons l’Ukraine comme faisant partie de notre voisinage », a-t-elle précisé.
L’argument est depuis répété inlassablement par les sociaux-démocrates, y compris par le ministre du développement, Flemming Moller Mortensen, afin de justifier le financement de l’accueil des Ukrainiens par l’aide publique au développement, à hauteur de 2 milliards de couronnes (près de 268,6 millions d’euros). « C’est la politique du gouvernement que les réfugiés soient aidés dans leur région immédiate », a-t-il expliqué à l’agence Ritzau.
(…) Le Monde
20/03/2022
Le Danemark se prépare à accueillir les quelque 20 000 réfugiés ukrainiens qui, selon les estimations des autorités de Copenhague, devraient frapper à la porte du royaume à cause de l’invasion russe. À cet effet, le Parlement étudie en toute hâte une loi spéciale, dite “des Ukrainiens”, visant à leur accorder un permis de séjour temporaire de deux ans, hors du système traditionnel. Présentée ce lundi 14 mars, la proposition de loi doit être étudiée en procédure accélérée pour pouvoir être adoptée dès mercredi, détaille le quotidien conservateur Jyllands-Posten.
Or plusieurs organisations non gouvernementales et certains partis soutenant le gouvernement minoritaire social-démocrate ont eu le déplaisir de découvrir un détail mentionné à la page 50 du futur texte de loi : sur les 2,2 milliards de couronnes danoises (296 millions d’euros) qui seront débloqués pour financer cet accueil, 2 milliards (269 millions d’euros) seront prélevés sur l’enveloppe prévue pour l’aide aux pays en voie de développement. Une précision confirmée par le ministère des Affaires étrangères.
Moins pour l’Afghanistan ou le Yémen
Concrètement, cela signifie que le Danemark “laissera les populations d’Afghanistan, d’Éthiopie et du Yémen payer pour que nous recevions des réfugiés” d’Ukraine, déplore Anders Ladekarl, secrétaire général de la Croix-Rouge danoise. “Il y a aussi le feu au Moyen-Orient et d’énormes défis à relever en Afrique à cause de la crise climatique”, plaide Birgitte Qvist-Sorensen, qui dirige les activités caritatives de l’Église luthérienne danoise.
Interrogé lui aussi par Jyllands-Posten, le ministre de l’Aide au développement, Flemming Moller Mortensen, répond que la situation en Ukraine est “exceptionnelle”. Il faut donc “des solutions exceptionnelles” qui se traduiront par “des choix compliqués et des priorités” à suivre.