Sarcelles bat régulièrement des records d’abstention : entre 30 et 80% en fonction des élections. À la veille du scrutin présidentiel et dans le cadre de Ma France 2022, nous avons sillonné cette ville métissée de 60 000 habitants, classée parmi les plus pauvres de France, pour comprendre les attentes et les craintes des électeurs.
(…) “Les élections ? Tout le monde s’en fout ! Ici, c’est la misère, le tiers-monde, c’est l’Afrique. Les gens ne pensent pas à voter mais à survivre !”, analyse Sélim entre deux cigarettes. Lui s’en sort en travaillant souvent 7 jours sur 7. Quand il ne vend pas au marché, il roule pour Uber.
(…) Selim ira peut-être voter, s’il a le temps… “Mais cela ne changera rien à mon quotidien”, conclut-il, résigné. Et même si Zemmour passe, je m’en fous. C’est une ville de non-droit, personne ne pourra y faire respecter des règles, même pas lui ! Sarcelles est une ville à part. Regardez sur le marché, il n’y a pas un seul blanc !”
(…) De l’espoir, d’autres candidats en suscitent dans le quartier juif.
Librairie hébraïque, restaurants casher, enfants courant avec une kipa sur la tête, ces quelques rues situées à cinq minutes du marché multicolore du Grand Ensemble sont surnommées “la petite Jérusalem.” Sarcelles est connue pour avoir, au fil des années, sectorisé ses habitants en fonction de leurs origines. Autour de la grande Synagogue habitent 10 à 15 000 Juifs, la plupart sépharades, dont les origines sont de l’autre côté de la Méditerranée. Et ici, pas de doute, Eric Zemmour fera son meilleur score de la ville.
“Il n’est pas raciste, il dit la vérité”, affirme ce commerçant qui préfère rester anonyme. “C’est vrai, les agressions, c’est souvent à cause des noirs et des Arabes. Les autres politiques n’osent pas le dire. Zemmour, lui, il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas”.
(…) Marlène tempère : “Moi, ça fait 43 ans que je vis à Sarcelles, et il ne m’est jamais rien arrivé.” “Oui, mais avoue qu’on est plus en France !”, l’interrompt sa voisine de table Josiane qui détaille : “Dans ma copropriété, il y a 10 appartements. Avant, c’étaient des familles juives. Maintenant, je suis la seule blanche. Mes voisins sont Pakistanais, Haïtiens, Syriens… Ils ne parlent même pas français !”