«Un bol de coquillettes, et puis voilà», le récit simple et bouleversant d’une retraitée confrontée à la pauvreté, après une vie entière de travail.
Son quotidien est rythmé par les sorties au supermarché et les visites au Secours populaire , une fois par mois, pour récupérer son colis alimentaire. À la retraite depuis plus de dix ans, Bernadette vit avec 877 euros par mois. L’ancienne couturière est mère de onze enfants, dix-neuf fois grand-mère et vingt fois arrière-grand-mère. À 75 ans, elle s’ennuie dans son HLM à Reims et dispose de 15 euros par jour pour (sur)vivre une fois ses factures payées. Elle regarde les promos chez Cora pour manger de la viande, les dates des brocantes pour acheter le reste.
Ainsi va la vie de Bernadette, admiratrice du Che et de Matt Pokora. Son récit est celui de la débrouille. Et la politique, qu’en pense-t-elle ? « La dernière fois, j’ai voté Macron parce qu’il était beau et jeune et parce que j’aime bien le changement. J’ai été déçue », dit-elle, fâchée qu’il n’ait pas fait la retraite à 1 000 euros. « Pour nous, c’est un bol de coquillettes et puis voilà », écrit celle qui, citant Hollande, se définit comme une « sans-dents »
“Je touche 877 euros de retraite. Dès que ma paie arrive, je mets 40 euros de côté pour l’alimentaire et j’attends le 12, c’est le jour où tout le monde me prélève : le loyer, l’assurance, le gaz, l’électricité. Après, il me reste à peine 15 euros par jour pour manger, m’habiller et sentir bon.”Si Bernadette s’en sort, c’est grâce à la débrouille et, surtout, au Secours populaire ; même si, quand elle va chercher son colis, elle rouspète un peu : “Encore des coquillettes…” Son seul plaisir : prendre le tram jusqu’à Cora et se promener dans les rayons, juste pour regarder. Bernadette admire le Che, Matt Pokora et Black M. Mais plus que tout, elle aime ses onze enfants. Elle a le coeur solide et n’est dupe de rien.Une parole rare, portée par celle qui se dit “oubliée” d’un président pour lequel elle a voté mais qui “n’a rien fait du tout“.