Vivons-nous dans une démocratie des retraités, pour les retraités, par les retraités ?
Évidemment, la question semble provocatrice. Mais une série de faits doit nous interroger sur la capacité du système politique à inclure toutes les classes d’âge. Voici quelques chiffres :
En France, les plus de 65 ans représentent 19% de la population, mais un tiers des votants.
La moyenne d’âge de l’électeur inscrit est de 50 ans.
En 2017, seul un jeune sur cinq (de moins de 30 ans) a voté à toutes les élections (présidentielle et législative). Ce chiffre monte à 1 sur 2 chez les retraités.
(…)
Dans les enquêtes d’opinion, l’électorat retraité se caractérise surtout par une aversion au risque, selon la formule du politologue Jérôme Fourquet. Pas question de renverser la table aux élections. Cela s’est vérifié à la présidentielle l’an dernier. Au deuxième tour, Emmanuel Macron a rassemblé 80% des voix des retraités, face à Marine Le Pen. Et ce, alors même qu’il avait promis une hausse de la CSG, qui grève une partie des pensions de retraite.
« Le vote senior, ultime rempart à la vague populiste », avait titré Le Monde en 2015. La prégnance de l’électorat des plus de 65 ans agit sur la vie politique française comme un tranquillisant ; elle lui évite les a-coups. Est-ce bon ou pas, chacun en jugera. Cette prégnance n’est pas finie. En 2030, les plus de 65 ans représenteront 30 % de la population française. Ces derniers mois, on a beaucoup disserté sur le monde politique : est-il le “nouveau” ou “l’ancien monde”. Il reste en tout cas le “monde des anciens”.