14/04/2022
Envoyé aux étudiants et enseignants nantais, un mail de Carine Bernault a suscité l’indignation. Des personnalités politiques l’accusent de «violer la neutralité du service public».
«Je vous appelle solennellement à voter le 24 avril pour faire barrage à l’extrême droite et donc au Rassemblement National». Dans un mail daté de ce mercredi 13 avril, la présidente de l’université de Nantes, Carine Bernault, a appelé étudiants et enseignants à voter contre Marine Le Pen, qui affrontera Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle dans dix jours.
Soulignant que son message est «inhabituel», mais qu’elle le juge «indispensable au regard des enjeux attachés à ce vote», celle qui préside l’université de Nantes depuis le mois de janvier dernier conclut : «Quel que soit le résultat le 24 avril, vous pouvez compter sur mon engagement pour défendre nos valeurs».
«Où est le respect des opinions des étudiants?»
Ce mail a rapidement circulé sur Twitter, où il a suscité l’indignation de certains internautes et hommes politiques de droite. «Ce message […] est une faute grave qui doit avoir pour conséquence une exclusion», a ainsi écrit Sébastien Pilard, porte-parole de Reconquête. Axel Casenave, responsable des Jeunes Républicains de Loire-Atlantique, a tweeté : «Les dérives politiques des présidents d’université se poursuivent. […] Où est le devoir de réserve ? Où est le respect des opinions des étudiants ?»
Sophie van Goethem, maître de conférences à l’Université de Nantes et conseillère municipale de la ville, a elle aussi dénoncé une «faute», exprimant sa «déception» de recevoir un tel mail «sur sa messagerie professionnelle».
«Envisager un appel au vote contre un candidat est une atteinte à la neutralité du service public», a-t-elle ajouté.
13/04/2022
France Universités appelle à “combattre l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron“. France Universités est une association Loi de 1901 qui rassemble les dirigeants exécutifs des universités et établissements d’enseignement supérieur et de recherche afin de porter la voix et les valeurs des universités dans le débat public. Elle comprend actuellement une centaine de membres votant (présidents d’université, directeurs d’écoles normales supérieures, d’INP, d’INSA, administrateurs généraux) mais également des membres associés. Elle a succédé à la Conférence des présidents d’université (CPU).
France Universités rassemble 116 établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et représente, à travers leurs dirigeantes et dirigeants, près de deux millions d’étudiants, 200 000 personnels et 3 000 laboratoires de recherche. Son rôle est de porter la voix des universités dans le débat public.
Nous sommes convaincus, à l’instar des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs de nos établissements, qu’une science libre et qu’un accès aux connaissances sont des éléments essentiels et non négociables de toute démocratie, garantissant des droits humains fondamentaux dont chacune et chacun devrait bénéficier partout. Nous portons donc collectivement les valeurs d’universalité, de tolérance et d’ouverture européenne et internationale qui font l’essence même de l’université.
Les idées et principes véhiculés par la candidature de Marine Le Pen sont résolument d’extrême droite. Son programme est contraire à nos valeurs, comme chercheurs, comme enseignants, comme dirigeants d’établissements, mais d’abord comme humanistes. Son programme va à l’encontre de notre vision de la société française, faisant craindre des menaces sur la place de la science, sur la place des libertés individuelles et collectives, sur l’État de droit et sur la construction européenne. Il contrevient à la tradition universitaire multiséculaire d’accueil des étudiants et chercheurs internationaux. Son projet comporte des risques réels pour la formation de la jeunesse et la production du savoir dans notre pays, mais aussi pour la place et l’image de la France dans le monde.
France Universités appelle donc à combattre l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron.
En 2017, les présidents d’université avaient déjà appelé au barrage contre le FN.