Dans un article sur l’élection présidentielle en France, intitulé « L’Algérie a choisi son camp », le quotidien algérien El Watan estime que « les deux candidats en lice pour le second tour sont conscients que, quoique minoritaires, les Français d’origine algérienne peuvent faire basculer le résultat de l’élection. » Le président Macron avait besoin de signaux d’Alger pour la communauté algérienne en France. En trois jours, il a eu deux signaux envoyés par Alger. Le premier est venu du président du Conseil de la nation (Sénat) Salah Goudjil. Mercredi, il a eu un entretien téléphonique avec son homologue français Gérard Larcher.
Un communiqué publié par le Conseil de nation a indiqué que les présidents des sénats algérien et français ont convenu de la nécessité de faire preuve de « vigilance et de davantage de sincérité » afin de « dépasser les parties et les lobbies des résidus du colonialisme qui tentent de brouiller toute tentative de rapprochement dans les relations entre les deux pays ». L’allusion à l’extrême droite est limpide.
Le second signal a été envoyé vendredi par la Grande mosquée de Paris, dirigée par l’Algérien Chems-Eddine Hafiz, qui a appelé à voter pour le président sortant au second tour, ce qui traduit plus une volonté de faire barrage à l’extrême-droite, plus que jamais aux portes du pouvoir en France, qu’un ralliement au programme d’Emmanuel Macron. Au premier tour, la même institution a appelé à barrer la route au polémiste Éric Zemmour, finalement éliminé avec 7% des voix.
S’il est minoritaire pour faire élire le président de la France, l’électorat musulman peut néanmoins peser sur l’issue du scrutin. Jean-Luc Mélenchon a réalisé un excellent résultat (3e avec 22% des voix) grâce en partie au vote des musulmans qui ont voté à 69% pour lui, selon un sondage effectué au lendemain du premier tour.
Si les relations entre Alger et Paris ont été difficiles durant la dernière année du premier mandat de Macron, elles pourraient se détériorer gravement si Marine Le Pen accède au pouvoir le 24 avril en France. La situation de la communauté algérienne dans ce pays risque de souffrir si la candidate de l’extrême droite devient présidente de la France. Entre les deux candidats, le choix est presque évident pour l’Algérie.