FIGAROVOX/ENTRETIEN – Depuis jeudi 14 avril, deux villes au sud-ouest de Stockholm sont le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des émeutiers, venus protester contre le mouvement anti-Islam «Ligne dure». Le journaliste d’origine suédoise Henrik Lindell décrypte la situation.
(…) À Rosengård à Malmö, une école a brûlé. À Örebro, ville moyenne à 170 km de Stockholm, les émeutiers ont chassé les policiers, en blessant une dizaine d’entre eux, avant de brûler quatre camionnettes de policier et de s’emparer de l’un de ces véhicules imposants pour faire un tour en ville ! Le tout a été filmé et richement diffusé via les réseaux sociaux, souvent par les émeutiers eux-mêmes. À Norrköping et à Linköping, deux autres villes moyennes, des bandes de jeunes se sont rendus maîtres de plusieurs quartiers en faisant littéralement fuir les forces de l’ordre et en terrorisant les autres habitants. Selon un bilan provisoire, 26 policiers et une dizaine de passants ont été blessés, des dizaines de voitures ont été brûlées et la destruction de biens collectifs s’évalue à au moins un million d’euros. À l’échelle de la Suède, c’est beaucoup.
Aux yeux de beaucoup, ce chaos révèle que les forces de l’ordre ne sont plus capables de faire respecter l’État de droit dans certains quartiers.
Henrik Lindell
Ces violences folles ont bien davantage choqué la société suédoise, les médias, et, bien sûr, les élus, y compris le gouvernement social-démocrate, que le fait qu’un politicien marginal d’extrême droite vient brûler le Coran, ce qui est un acte légal en Suède. Aux yeux de beaucoup, ce chaos révèle que les forces de l’ordre ne sont plus capables de faire respecter l’État de droit dans certains quartiers. Par ailleurs, il n’a échappé à personne que l’ensemble des troubles a eu lieu dans des quartiers massivement peuplés de personnes d’origine étrangère et de culture musulmane. Les émeutes ont ainsi mis en lumière une partie de la population qui ne semble pas vouloir obéir totalement aux lois suédoises, mais à un autre système de «valeurs».
(…) La Suède fut longtemps une société particulièrement homogène sur le plan culturel, mais elle est aujourd’hui multiculturelle. Plus de 20 % des habitants sont issus de l’immigration et une majorité des nouveaux arrivants est d’origine extra-européenne. Ces derniers connaissent souvent de vrais problèmes d’adaptation à la société suédoise, y compris sur le plan culturel. Ce phénomène est bien documenté, d’autant plus qu’il semble expliquer en partie la multiplication de bandes criminelles, un vrai fléau en Suède.