Au HuffPost, un ministre chiffre “entre 20 et 30” le nombre de députés LR prêts à rejoindre la majorité. En public, les règlements de comptes ont commencé.
POLITIQUE – Le groupe vit mal. À droite, le séisme provoqué par la défaite cuisante de Valérie Pécresse au premier tour de l’élection présidentielle 2022 connaît déjà des répliques. Et le risque d’une (nouvelle) implosion des Républicains semble bien réel. En cause, les désaccords en interne sur la stratégie à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron, qui tend la main aux parlementaires LR qui souhaiteraient venir renforcer sa majorité en cas de réélection ce 24 avril.
Des divisions dont le communiqué portant sur la position à tenir au deuxième tour portait les germes, puisqu’il visait davantage à masquer les désaccords qu’à se positionner clairement sur le duel opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le tout, dans un contexte où à la déroute électorale pourrait s’ajouter la banqueroute financière. Une période délicate que la Macronie compte bien exploiter pour finir d’assécher le parti de Christian Jacob. Ce qui commence sérieusement à agacer les partisans d’un cordon sanitaire entre la droite et la majorité.
“Ambivalence hypocrite”
“Les candidats Les Républicains aux législatives qui s’engagent dans une coalition de soutien à Emmanuel Macron doivent être débarqués immédiatement et des candidats LR investis contre eux”, s’emporte sur Twitter le député LR Julien Aubert, militant du “ni-ni” pour le second tour. “Halte à cette ambivalence hypocrite, qui prend nos électeurs pour des imbéciles”, poursuit-il.
Dans son viseur, ceux qui apportent un peu trop bruyamment leur soutien au chef de l’État dans son duel face à l’extrême droite. À l’image du trésorier du parti Daniel Fasquelle qui, après avoir dédouané Emmanuel Macron dans l’annulation d’implantation d’éoliennes au Touquet, a publié un communiqué pour appeler à voter en faveur du président sortant. Un document qui a le bon goût d’imiter la charte graphique de LREM et sur lequel le maire du Touquet apparaît tout sourire aux côtés du chef de l’État.
(…) Reste à savoir le nombre de députés qui seraient prêts à basculer dans la majorité. Au HuffPost, un ministre au fait des négociations chiffre “entre 30 et 40” les LR qui “frappent à la porte”, alors que le nombre de 50 élus circule dans la presse. “En réalité, vous regardez les députés qui ont clairement appelé à voter pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, et vous avez une estimation de ceux qui sont prêts à nous rejoindre”, poursuit notre interlocuteur, qui estime que ces transfuges de droite, comme Éric Woerth, auront toute leur place au sein de la majorité plurielle sur laquelle le chef de l’État compte s’appuyer.
Mais Les Républicains laisseront-ils faire, alors que des noms d’importance, comme Damien Abad et Guillaume Larrivé, sont régulièrement cités parmi les partants? Comme dit plus haut, certains appellent déjà à investir des candidats contre ceux qui oseraient vouloir rejoindre la majorité. Ce qui fait doucement rire Renaud Muselier: “ces gens ne savent faire que ça: menacer et hurler à la trahison. Mais derrière, ça ne donne rien. Ils n’ont plus la force de frappe nécessaire pour mettre ces menaces à exécution”. Les semaines qui suivent s’annoncent tendues à droite.