Comme de nombreux autres maires non encartés, Michel Gros, l’édile de La Roquebrussanne, petite commune du Var, n’a pas digéré la poussée de Marine Le Pen dans les communes rurales à la présidentielle. Comme dans cette commune de 2 500 habitants, la vague Le Pen a déferlé sur la ruralité lors de la présidentielle : elle s’est imposée dans plus de la moitié des communes françaises, particulièrement dans celles de moins de 1 000 habitants (57,19 %).
« Bien sûr que j’ai eu envie d’arrêter. Bien sûr que je me suis demandé à quoi ça sert de se décarcasser, de ne pas consacrer mon temps à ma famille et à mes petits-enfants », témoigne Michel Gros, maire depuis 14 ans de La Roquebrussanne, où la candidate du Rassemblement national a obtenu 64 % des voix au second tour. « Je n’ai pas dormi dans la nuit de dimanche à lundi. Et puis 48 heures plus tard, on se dit qu’il y a encore de belles choses à faire pour la commune et pour ses habitants malgré tout », explique l’élu qui s’est abstenu de donner des consignes de vote, sans cacher pour autant sa préférence pour Emmanuel Macron.
« Après coup, je me suis rendu compte que ce résultat n’était pas un désaveu pour le maire, mais pour la classe politique qui nous gouverne », tempère-t-il. Traditionnellement, les maires ruraux ne sont pas affiliés à un parti, refusent d’accorder leur parrainage à un candidat et donnent encore moins de consignes de votes. « Je crois qu’une grande majorité d’élus ruraux, voire une très grande, n’est pas dans un registre à soutenir une candidature type Le Pen », affirme Michel Fournier le président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), dont le village vosgien des Voivres a soutenu à 70 % la candidate d’extrême droite.
« On ne peut pas tirer les enseignements d’une élection locale sur une nationale », explique ce maire depuis 1989 qui a réalisé son meilleur score lors des dernières municipales en 2020. « Au niveau local, les électeurs choisissent des gens qui représentent la proximité. À l’inverse, ils expriment le sentiment d’oubli de la part de l’État » lors de la présidentielle, observe-t-il.
Dans le département voisin de la Haute-Saône, où Marine Le Pen est également arrivée en tête, Jean-Paul Carteret, maire de Lavoncourt, commune de 350 habitants, avoue avoir poussé un ouf de soulagement en découvrant dimanche soir que sa commune avait voté pour Emmanuel Macron à 52,51 %. « Je suis républicain et je me suis déjà demandé si je resterais au poste de maire si un jour il y avait un énorme écart dans l’autre sens », explique l’élu, à la recherche d’un médecin comme son homologue de La Roquebrussanne. […]