C’est une œuvre mythique, qui attire les amateurs d’art du monde entier : au musée Unterlinden de Colmar (Haut-Rhin), le Retable d’Issenheim a retrouvé son éclat original, grâce au travail “colossal” réalisé par une équipe de restaurateurs. Après plusieurs opérations superficielles, jusqu’à la dernière menée au début des années 1990, une restauration complète s’imposait. Elle s’est déroulée sur plus de quatre ans et demi, principalement dans l’enceinte du musée, mais aussi à Paris (pour les sculptures) et Vesoul (certains encadrements). Une rénovation qui a coûté 1,4 million d’euros, financée à 80% par le mécénat.
Dans l’ancien couvent transformé en musée, les visiteurs peuvent observer les dernières retouches effectuées par Anna Brunetto, spécialiste mondiale de la restauration au laser, penchée sur le cadre en bois d’un des tableaux qui composent l’œuvre et duquel s’élèvent de légères volutes de fumée.
Avec sa blouse et ses épaisses lunettes de protection, elle progresse, millimètre par millimètre, pour enlever les couches de peinture successives ajoutées sur le cadre au fil du temps et retrouver les couleurs d’origine.
“La complexité est de trouver l’équilibre entre les parties qu’on veut enlever et celles qu’on veut garder“, explique cette Italienne de 52 ans, qui, au cours de sa carrière, a notamment contribué à révéler des dessins de Leonard de Vinci sur des plafonds du château des Sforza à Milan.
Autour d’elle sont exposées les parties déjà restaurées du Retable d’Issenheim, composé de dix tableaux, présentant des épisodes de la vie du Christ et de celle de Saint Antoine, et huit reliefs sculptés réalisés entre 1512 et 1516 par deux grands maîtres allemands, Matthias Grunewald et Nicolas de Haguenau.
“Il y a la Chapelle Sixtine, il y a la Joconde, et il y a le Retable d’Issenheim: c’est une œuvre primordiale. Je la place au même niveau pour sa dimension et son retentissement“, expose Pantxika de Paepe, la directrice du Musée Unterlinden. […]