Ce lundi matin, le boulevard Voltaire (XIe) s’est réveillé avec la gueule de bois et sa tête des mauvais jours. « Ça faisait longtemps qu’une manif n’avait pas laissé des dégâts pareils », se désole Mounir, un riverain. Ici, c’est une vitrine d’assureur détruite à coups de marteau. Là, une feuille scotchée à la porte d’une banque recouverte de tags annonçant : « Agence CIC Voltaire fermée pour dégradation ».
[…]« Y’en a marre des casseurs », s’indigne ce lundi Fatima, qui tient un kiosque à journaux au milieu du boulevard, à Saint-Ambroise (XIe). La kiosquière – qui avait fermé ce 1er mai – défend « le droit de manifester, mais pas de casser. Le problème, c’est qu’il y a toujours des brebis galeuses. » Ce matin, Fatima nettoyait sa devanture couverte d’affiches sauvages. « Quand j’ai vu de chez moi les images à la télé, j’ai eu peur. Je me suis demandé Ils vont me laisser sans travail ? » Fatima est alors « revenue exprès boulevard Voltaire, pour vérifier en fin de journée et ramasser son fond de caisse ».
[…]Place Léon-Blum, devant la mairie du XIe, Karim, gilet jaune fluo Decaux, s’active avec son balai et sa pelle remplie de tessons de verre autour du kiosque attaqué. « Ça fait partie de notre boulot », lâche-t-il fataliste. « On en a déjà soupé avec les Gilets jaunes », souffle son collègue Alexandre, qui n’a pas oublié le kiosque à journaux des Champs-Élysées parti en fumée. À ses côtés, Rudy s’énerve : « Les manifestants, ils pensent défendre les ouvriers et faire mal aux grands chefs. Mais en fait, les patrons, ils restent au chaud dans leurs bureaux et c’est nous les ouvriers qui nettoyons ! ».