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« Le profil culturel de Jean-Luc Mélenchon indigne certains au PS et inquiète nombre de responsables du secteur artistique »
Le texte scellant l’accord entre le Parti socialiste (PS) et La France insoumise (LFI) mentionne que les budgets alloués à la culture doivent atteindre 1 % du produit intérieur brut (PIB), soit autour de 22 milliards d’euros par an pendant cinq ans. Cette mesure, qui figurait dans les programmes de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2017 et de 2022, a tout pour ravir la gauche et les créateurs. Mais non, ce n’est pas si simple, tant le profil culturel du leader indigne certains au PS et inquiète nombre de responsables du secteur artistique.
[…]Ce qui renvoie à une autre inquiétude au PS comme dans le monde de l’art : la question identitaire chez les « insoumis ». On pensait que ça allait de soi et pourtant leur texte d’union mentionne « la protection de la liberté́ de conscience et d’expression ».
M. Mélenchon n’est pas un censeur, mais sa vision du sujet peut être fragilisée par des combats prioritaires. En 2017, l’université d’été de son parti a organisé un débat dont le titre était « Faut-il dégager les médias ? » En 2019, le blocage de la pièce Les Suppliantes, d’Eschyle, par des étudiants de la Sorbonne soutenus par l’UNEF, au motif qu’il y aurait eu des blackfaces sur scène, a été dénoncé comme une censure par la quasi-totalité de la classe politique. M. Mélenchon est resté muet. Deux ans plus tard, il a soutenu avec virulence les « réunions non mixtes racisées » que le syndicat étudiant voulait organiser.
A la suite d’autres frictions, des voix à gauche ont appelé à rompre « avec la “cancel culture” et le “wokisme” ». Jean-Luc Mélenchon leur a vertement rétorqué que « la “cancel culture” en France a commencé en 1789 : on a foutu par terre la Bastille ! » Pas de quoi rassurer les milieux culturels.
Mais on l’a accusé aussi de minorer l’antisémitisme en France, alors que les actes antisémites ont fortement augmenté en 2018 et que, l’année suivante, selon une enquête de l’IFOP, 89 % des étudiants juifs disent avoir été victimes d’une agression à cause de leur religion.
Surtout, en 2019, quand le travailliste britannique Jeremy Corbyn est accusé d’antisémitisme, y compris dans son propre camp, M. Mélenchon le défend en disant qu’il a tort de se laisser intimider, entre autres, par « le grand rabbin d’Angleterre » et en profite pour dénoncer les « ukases arrogantes des communautaristes du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France] ». Là encore, la gauche non « insoumise » s’indigne et dénonce un amalgame.
Disons que M. Mélenchon est difficile à suivre sur sa ligne de crête. Il n’a rien d’un indigéniste, il est contre le voile à l’école, contre un communautarisme s’affranchissant de la loi, mais, outre que son entourage peut se montrer plus radical que lui, il est accusé par le PS de slalomer sur l’identité.
[…]Pour toutes ces raisons, l’accord validé par le conseil national du PS, le 5 mai, mentionne « la défense de la République laïque et universaliste, une action résolue contre le racisme, l’antisémitisme (…) et l’usage politique des religions ».
[…]L’article dans son intégralité sur Le Monde