L’Afrique du Sud est devenue un immense laboratoire in vivo de la surveillance privée et de l’ingénierie humaine. Des pratiques de surveillance de l’espace public qui rappellent celles qui avaient cours sous le régime de l’apartheid.
“La machine de surveillance privée sud-africaine alimente un apartheid numérique” en Afrique du Sud, affirme la MIT Technology Review dans une enquête. À Soweto, une banlieue historique de Johannesburg, Vilakazi Street a jadis abrité le premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, et le théologien Desmond Tutu − tous deux militants antiapartheid et lauréats du prix Nobel de la paix. Pourtant, cette rue emblématique de l’histoire sud-africaine accueille désormais de nombreuses caméras de surveillance, installées et prêtes à fonctionner.
Dans cette mégapole tentaculaire, Vilakazi Street incarne à elle seule “la naissance d’un modèle de surveillance sud-africain unique influencé par l’industrie mondiale de la surveillance”. Celle-ci “alimente déjà un apartheid numérique et démantèle les libertés démocratiques”, alertent les militants des droits civiques.
Jusqu’à présent, Soweto était vierge de caméras, précisément parce que cette banlieue est particulièrement pauvre. Mais ses rues exiguës aboutissent aux autoroutes menant aux zones aisées de la ville, ce qui a conduit les riches clients à payer pour l’installation de systèmes de surveillance et à l’apparition de ces yeux opaques.
(Merci à Blaireau Bondissant)