22/05/22
21/05/22
Quelques remarques, s’il vous plaît, sur les réactions que suscite la nomination de #PapNdiaye. 👇🏿
D’abord, il n’est pas + « raciste » de critiquer cette nomination qu’il n’était raciste de critiquer la candidature de Taha Bouhafs. L’expression du racisme est un délit qu’à ma connaissance, personne ne commet ici. On verra, mais bon.
Ce que dit @ELevyCauseur n’est pas malin, mais pas raciste. Qu’une myope contemplant le réel depuis la droite de la droite confonde en boutade un éminent historien, une agitatrice racialiste et la théoricienne de l’indigénisme, c’est un fait…
… Néanmoins, soyons honnêtes : @ELevyCauseur ne s’en prend pas à une (introuvable) communauté de couleur, mais (dans son esprit) à une communauté d’opinions. Ce qu’elle a le droit de faire, comme on a le droit de le contester ou de s’en moquer aussi.
Qt à @GWGoldnadel, « dépravé »… j’espère qu’il regrette ce mot, mais à part ça, l’homme a le droit de s’inquiéter (à tort ou à raison) qu’on donne les clefs de l’EN à quelqu’un qui voit dans l’islamogauchisme une invention de l’extrême-droite.
Le racisme n’est pas de critiquer quelqu’un qui n’est pas blanc. (même quand on s’y prend mal)
Le racisme, c’est de réduire la critique de quelqu’un qui n’est pas blanc à du racisme.
Entre la critique et la haine, il y a un abîme dont dépend la liberté d’expression.
Quant aux critiques elles-mêmes… Toutes ont en commun d’enfermer le nouveau ministre dans les paroles qu’il a dites avant d’être nommé, et de réduire des années de travail à des déclarations de quelques secondes. Ce qui, outre que c’est stupide, pose 2 problèmes.
1) C’est une logique identitaire. On lui reproche ce (qu’on croit) qu’il est au lieu de le juger sur ce qu’il devient ou ce qu’il fait. On le chosifie. On lui dénie la liberté de dire ou de faire autre chose.
2) De fait. On se rend sourd à ce qu’il a dit après sa nomination, et notamment la mention liminaire de #SamuelPaty qui, à mes yeux, constitue un gage excellent, quoique non suffisant.
Alors, me direz-vous, il n’y a pas de problèmes ? Si. Il y en a. Et ils concernent le « macronisme » dont j’ai toujours refusé de penser qu’il était un néant idéologique et un pur pragmatisme, mais peut-être me suis-je trompé, après tout.
Sans présumer de ce que fera #PapNdiaye, comment ne pas être surpris que le Ministère de l’EN soit successivement occupé par des gens (remarquables, tous deux) qui pensent manifestement l’inverse sur des questions fondamentales ?
Que penser, que croire d’un Président qui confie indifféremment les rênes de l’éducation à de telles antipodes ? La vision du monde de celui qui dirige un tel ministère a-t-elle si peu d’importance ?
On peut se réjouir, naturellement, de constater le désarroi des insoumis devant cette prise de guerre, mais un bénéfice tactique (et marrant) suffit-il à justifier un virage idéologique à 180° ?
D’autant que, depuis qu’on sait qu’elle dissimule des agressions sexuelles pour faire campagne, la secte a évidemment perdu les élections. Alors ? A quoi bon ? Prendre quelques sièges supplémentaires à des nul.l.e.s ? Tout ça pour ça ?
Que Macron siphonne la droite républicaine, passe encore, c’est compatible. Mais qu’il siphonne les insoumis, c’est aussi absurde que de manger une entrecôte quand on est vegan !
Je n’arrive pas, pour ma part, à effacer le sentiment déconcertant qu’en la circonstance, la tactique a tué la conviction. Plus qu’une question d’opinion, c’est une question de fermeté. 🙏🏿
En fait, ça me rappelle mon séjour au PS, où, pour de viles raisons électorales dans les 2 cas, Fabius m’avait demandé, en 2003, d’attaquer Mélenchon avant de me demander, en 2004, de le défendre. Je n’avais pas assez de souplesse dorsale.
Hypothèse contraire : au lieu d’y renoncer, Macron renoue avec ses convictions. Celles d’un élève de Ricoeur, qui n’eût probablement pas voté la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, et qui cède volontiers à la culture diversitaire.
Que faut-il préférer ? Un tacticien qui sacrifie aisément ses convictions au siphonnage de ses adversaires, ou un idéologue qui renoue avec lui-même après une parenthèse authentiquement républicaine ? Je ne sais pas.
Ce que je sais, c’est que, tel une chenille qui refuserait de muter en papillon, le « macronisme » a ostensiblement tourné le dos à tous ceux qui, sans ménager leur loyauté, voulaient lui donner une colonne vertébrale.
Ce qui fait aujourd’hui du macronisme un agrégat d’intérêts successivement soucieux ou indifférents à l’urgence républicaine et au danger de la sainte alliance entre l’islamisme et les bons sentiments.
Le cocu, c’est le courage.