Cela à commencé avec une « carte de lycéen » malencontreusement tombée du sac de leur fille. En décembre dernier, ses parents ont découvert, stupéfaits, que, depuis septembre 2021, l’ensemble du corps enseignant du lycée de Lucie*, 15 ans, l’appelait Louis* et s’adressait à elle au masculin, y compris sur des copies ou dans des échanges écrits. Rendez-vous avec le proviseur, la professeur principale, courriel comminatoire à l’établissement, lettre au rectorat, rien n’y fait : mi-janvier, alors que l’ado confirme à ses parents que la situation perdure, ceux-ci décident de la changer de lycée. Aujourd’hui, ils demandent réparation pour cette « faute professionnelle grave » : un recours en indemnisation a été adressé au rectorat de Paris. Parallèlement, une requête en annulation au Conseil d’État vient d’être déposée contre la circulaire, dite Blanquer, « pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire ».
[…]Plusieurs épisodes de harcèlement – en sixième, cinquième, puis en fin de troisième – ont-ils meurtri l’adolescente au point que, réfugiée sur les réseaux sociaux pendant le confinement, elle trouve du réconfort auprès de militants de la cause trans ? C’est ce que supposent ses parents, qui n’avaient remarqué « aucun signe avant-coureur » avant que leur fille ne commence, en juin 2021, à s’habiller large, puis ne se rase la tête et se teigne les cheveux en bleu. « C’était une façon d’effacer son identité de fille harcelée, mise à l’écart par ses amies, analysent-ils. Elle postait des photos d’elle sur Instagram, se proclamait “en transition” et, régulièrement, recevait des messages encourageants. Elle était fière d’être devenue une sorte d’influenceuse. »
[…]Lucie a rejoint, en janvier dernier, un lycée moins prestigieux, plus loin de chez elle, s’est fait de nouveaux amis et a d’excellentes notes. Elle a « les cheveux un peu plus longs », se réjouit sa mère, et est désormais suivie par un psychiatre qu’elle « adore ». La famille suit également une thérapie familiale, et les rapports de la jeune fille semblent s’améliorer avec ses parents. Qui en veulent toujours au proviseur : « La circulaire indique expressément que la communauté éducative ne peut utiliser un autre prénom ou un autre genre sans l’accord des parents, fait valoir leur avocat, Me Henri de Beauregard. Pendant près de cinq mois, en cautionnant ainsi l’affirmation “transgenre” de Lucie dans le dos des parents, l’établissement a contribué à l’enfermer dans une situation et à l’éloigner d’eux. Ce faisant, il a aussi retardé une prise en charge psychologique adaptée, indispensable à l’appréciation des demandes d’un enfant. Il a probablement aggravé son mal-être, qu’il a dissimulé aux parents, au mépris de l’autorité parentale. » Les fonctionnaires de l’Éducation nationale, répond le proviseur, n’ont « pas été formés à la transidentité » : « Il faudrait sans doute revoir la circulaire, avance-t-il. Peut-être prévoir une assistante sociale pour accompagner l’élève… Il faut absolument que ça passe par des spécialistes. »
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