Agressions, fugues spectaculaires, stupéfiants… Les tensions sont devenues insupportables au centre éducatif fermé de Pionsat (Puy-de-Dôme), qui accueille des adolescents placés par la justice. Sa gestion par le Groupe SOS, mastodonte de l’économie sociale, est mise en cause.
Pionsat (Puy-de-Dôme).– « Le centre fonctionne comme un quartier,raconte Mohamed-Shaouki Kamel, ex-moniteur-éducateur au centre éducatif fermé (CEF) de Pionsat. Je n’y ai pas vu de règles. On a l’impression que tout le monde a baissé les bras. » Embauché en février, cet entrepreneur franco-tunisien qui a bien gagné sa vie dans la micro-finance voulait s’investir auprès des mineurs délinquants placés par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Rapidement, il a déchanté.
Il décrit son dernier jour avec une pointe de colère : « Je prenais mon poste à 6 heures du matin et 90 % des jeunes étaient déjà en train de fumer des joints. Un ado venait d’arriver avec une grosse quantité et “de la bonne”, comme ils disent. À 11 heures, les enfants étaient complètement défoncés. » Ce jour-là, personne n’intervient, alors que le centre empeste l’herbe, ce que confirment plusieurs témoignages. Quinze jours après sa prise de poste, le trentenaire décide de jeter l’éponge.
Depuis sa création en 2010, le CEF de Pionsat vit au rythme des démissions éclairs, des incidents, des évasions et des arrêts longue maladie. Le turnover du personnel est permanent, alors que le centre est géré par le groupe SOS, chantre de l’économie sociale et solidaire (via l’une de ses filiales, l’association Le Cap). En un an, trois directeurs se sont succédé, et le dernier, nommé en janvier, Mohamed K., a quitté son poste le 11 mai. « La direction est flottante, l’encadrement très peu qualifié, l’équipe trop jeune, pas diplômée, regrette un haut gradé de la gendarmerie, sous couvert d’anonymat. Ça ouvre la voie à des compromissions voire à des comportements inappropriés. »
(…) Médiapart