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Thomas Legrand, ce matin vous relativisez…

L’affaire du stade de France… ces journées entières de commentaires catastrophés, l’image du pays serait ruinée comme si l’avis des tabloïds anglais fixait l’étalon du scandale, ces jugements définitifs et globalisants sur la Seine-Saint-Denis, réduite à ses délinquants et ses poches de misère de migrants qui campent le long du canal à deux cents mètres du stade (et donc sa violence). Ce ratage en règle du ministre de l’intérieur, et du préfet Lallement (encore lui !), les grosses exagérations (au moins) sur l’ampleur de la vague de supporters anglais surnuméraires, sans billets ou munis de faux billets aux abords du stade, sont à reprocher au gouvernement. Après un tel fiasco organisationnel, un ministre de l’intérieur vraiment responsable (c’est-à-dire dans n’importe quelle démocratie parlementaire parmi nos voisins européens) aurait présenté sa démission, qui aurait été acceptée (au moins celle de son préfet !). Pas chez nous. La suprématie et l’arrogance (institutionnelle, il ne s’agit pas particulièrement de Gérald Darmanin) de l’exécutif, et de l’intérieur en particulier, est une marque nationale dont la plupart des Français, ignorants des mœurs politiques des autres démocraties, n’ont pas idée. 

Et pourtant vous relativisez…  

Oui, mettons sur pause. Parce qu’au fond de quoi parle-t-on ? D’un match de foot retardé d’1/2heure, de quelques dizaines de supporters rançonnés par des voyous sous l’échangeur de l’A 86, où errent des mineurs isolés et des sans-papiers, de familles de supporters anglais lacrymogénisés abusivement, et d’une mauvaise image de la France pour quelques jours, jusqu’à la prochaine grande compétition qui sera bien organisée, comme c’est généralement le cas. La séance d’hier au Sénat était éclairante. Entrer dans le détail du déroulé de la soirée permettait à la fois d’être affligé et de relativiser. Les sénateurs ont posé des questions précises et les ministres se sont moins défaussés que ces derniers jours. L’enchainement des faits et des fautes, le dysfonctionnement en chaine commence à être établi : grève du RER B, défaut de filtrage à la sortie du RER D, points de contrôles mal placés, faux billets qui font croire à une panne du système de lecture des vrais billets et bloque le flux, autant de facteurs qui, cumulés, ont abouti à des mouvements de foule incontrôlables. Et comme la police avait été préparée, équipée, pour faire face à des hooligans qui n’étaient pas là …et pas à une masse de supporters (parfois en famille) désorientée, impatiente ou en colère, le maintien de l’ordre a été chaotique, décalé, produisant des images dégradantes d’utilisation du lacrymogène pour de mauvaises raisons. Encore un exemple de notre inculture de la désescalade en matière de maintien de l’ordre… bref, tout est regrettable dans cette histoire, scandaleux par certains aspects mais, en effet, il n’y a ni blessés ni morts… C’est le type même d’évènement qui, étant par nature surmédiatisé, prend -quand ça dérape- l’aspect et le temps d’antenne d’une catastrophe mondiale, d’un drame sanglant. Parfois il faut dézoomer un peu. En pleine campagne législative, on devrait plutôt être en train de débattre des retraites, de la planification écologique, de l’éducation, des réformes institutionnelles et de la façon de se passer du gaz russe… Tient c’est vrai ! Il y a la guerre en Ukraine !

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