Fdesouche

Dans une étude pour la Fondapol, Lorenzo Vidino analyse le lien entre wokisme et islamisme. Les islamistes utilisent la lutte contre les discriminations pour devenir les interlocuteurs privilégiés des institutions occidentales, explique-t-il.

Lorenzo Vidino est directeur du programme sur l’extrémisme à l’université George-Washington (Etats-Unis).

Lorenzo VIDINO. – “Malgré leurs attaches importantes aux Frères Musulmans et aux autres groupes islamistes, la plupart de ces jeunes activistes utilisent rarement les références islamistes, et, s’ils le font, ils le font en des termes feutrés. Ils parlent plutôt le langage de la discrimination, de l’antiracisme, de l’oppression intériorisée, de l’intersectionnalité et de la théorie postcoloniale. Plusieurs des causes qu’ils embrassent, comme l’environnement ou la réduction des frais universitaires, n’ont rien à voir avec l’islamisme. D’autres peuvent être considérées comme recoupant les griefs traditionnels de l’islamisme mais sont formulées en termes typiquement progressistes et sans islamisme apparent. Par exemple, l’adhésion récente des islamistes occidentaux aux appels à la «décolonisation» des programmes scolaires correspond à la nature anticoloniale inhérente à cette idéologie islamiste, mais elle est formulée en adoptant le langage couramment utilisé dans les cercles de gauche dits progressistes. (…)

Leurs objectifs sont dorénavant adaptés à leur environnement dans la plupart des sociétés majoritairement non-musulmanes. Le premier objectif des islamistes est de diffuser leur vision sociale, politique et religieuse du monde aux communautés musulmanes et pour ce faire, ils ont créé un réseau extrêmement sophistiqué de mosquées, d’associations, d’écoles et autres institutions. (…)

Le second objectif est de devenir l’interlocuteur exclusif des élites européennes, les représentants modérés et fiables auxquels les gouvernements européens, les médias et la société civile dans son ensemble, tendraient la main lorsqu’ils chercheraient à mobiliser la communauté musulmane. (…) Cette position leur permettrait de facto d’être la voix officielle des Musulmans dans les débats publics et dans les médias, éclipsant ainsi les forces concurrentes. (…)

La tendance à cibler la whiteness («blanchité») et la supposée tendance dominatrice de l’homme blanc et sa prétendue responsabilité dans la plupart des malheurs du monde sont, par exemple, parfaitement adaptées à une idéologie comme l’islamisme, né dans la première moitié du XXème siècle en opposition au colonialisme et qui, depuis, a imputé à l’Occident une grande partie des problèmes du monde musulman. (…)

Les islamistes d’aujourd’hui réclament dans un langage woke parfait et affirment que les musulmans ont besoin de « safe spaces » (espaces sécurisés) pour être protégés du « racisme structurel » et de préserver leur identité.” (…)

Le Figaro

FONDAPOL

Fdesouche sur les réseaux sociaux