En Corée du Sud, certaines boîtes de nuit et autres lieux festifs interdisent systématiquement l’entrée aux étrangers. Une politique jugée xénophobe et qui cible plus particulièrement les personnes racisées, largement documentée sur TikTok et Instagram par ceux qui la subissent.
Les fêtards qui vivent en Corée du Sud le savent : impossible de se rendre dans certains lieux nocturnes si l’on n’est pas Coréen. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus d’étrangers qui vivent à Séoul documentent cette discrimination à l’entrée de certaines boîtes de nuit, bars ou même parfois des restaurants.
(…) Sur un écriteau à l’entrée de l’établissement, visible sur un cliché publié par le Korean Herlad, il est indiqué que seules les personnes possédant une carte d’identité nationale et les étrangers disposant d’un visa F-4 (délivré aux membres de la diaspora coréenne) étaient autorisés à rentrer.
Contactés par la rédaction des Observateurs, plusieurs expatriés en Corée du Sud nous ont confirmé avoir fait l’objet de ce type de refus à l’entrée des établissements nocturnes, sous prétexte qu’ils n’étaient pas Coréens.
Les établissements concernés ont déjà donné plusieurs arguments pour justifier ce filtrage : le fait que le personnel ne parle pas anglais, un mauvais comportement passé de certains étrangers, ou plus récemment le Covid.
In South Korea: "Apologies! Because of the coronavirus, foreigners are not allowed to enter for the time being." #Xenophobia #CoronavirusOutbreak
— Elaine Ramirez | 일레인 기자 (@elainegija) February 3, 2020
h/t @jmoore2001 pic.twitter.com/N2EyQgem2H
De graves abus commis par certains soldats américains basés en Corée du Sud en boîte de nuit (notamment des cas de viols et agressions sexuelles) seraient également en cause – notamment dans la ville de Daegu, près d’une base importante de l’armée américaine.
La boîte de nuit OWL lounge, qui n’a pour l’instant pas donné suite à nos sollicitations, a par exemple expliqué au Korean Herald exclure les étrangers, car s’ils venaient à commettre un acte répréhensible, un harcèlement sexuel notamment, ils pourraient fuir le pays en toute impunité.
Quentin F. (“Denoz”) explique à la rédaction des Observateurs :
“Je vis à Daegu, où il y a très peu d’étrangers, et il y a plusieurs boîtes de nuit qui ne nous laissent pas entrer. Certains étrangers peuvent entrer dans des clubs réservés aux Coréens s’ils ont un garant sud-coréen – de préférence une célébrité, qui se porte garant d’un comportement approprié”.
Les personnes à la peau foncée et noire particulièrement discriminées
Ce tri ciblerait selon nos Observateurs plus particulièrement les personnes noires, sud-asiatiques et nord-africaines.
Kirsten Kreels est une étudiante afro-américaine installée à Séoul. C’est une amie de Patrick Ramos. Elle essaye comme lui d’attirer l’attention sur cette discrimination à l’entrée de certains lieux nocturnes. Pour elle, il ne fait aucun doute que tous les étrangers ne sont pas logés à la même enseigne.
“Je me suis rendue dans un club assez “hype” de Gangnam [quartier chic de Séoul : NDLR] il y a deux ans. J’étais la seule personne noire parmi mes amis, le videur est allé dire à mon ami blanc : “il y a certaines personnes du groupe qui ne peuvent pas entrer”, tout en me regardant de haut en bas. Il a dit que mes habits n’étaient pas conformes au “code vestimentaire”. On avait tout vérifié, j ‘étais habillée comme toute Coréenne qui sort en boîte de nuit. (…) La façon dont il m’a regardé, je sentais que je n’étais pas la bienvenue.””
“La plupart du temps, ils ne disent pas ça directement, mais disent plutôt : “c’est complet”, ou “pas d’étrangers”. Mais on voit des personnes blanches entrer.”
“Il y a même des images de panneaux qui indiquent : “interdit aux Africains” qui ont circulé sur les réseaux sociaux, ou des messages des gérants de la boîte de nuit sur Kakaotalk (Whatsapp coréen : NDLR) qui indiquaient “pas de personnes noires”
Toutes les personnes noires que j’ai rencontrées m’ont raconté avoir subi des discriminations dans les discothèques, et même ailleurs.”
(Merci à BB)