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L’attrait à double tranchant des expatriés français pour Bruxelles

Les Hexagonaux forment la première communauté étrangère de la capitale belge. Cette « invasion », motivée par une fiscalité et une scolarité avantageuses, offre aux natifs bruxellois le goût du bon « pain français », mais pèse sur les prix de l’immobilier.

Par Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, bureau européen)
Publié hier à 00h01, mis à jour hier à 01h07

LETTRE DU BENELUX

Sandra soupire : serveuse dans un célèbre café d’Ixelles, elle découvre un article que « M, le magazine du Monde », a consacré récemment à l’Hôtel Amigo et à la Grand-Place de la capitale belge. « De quoi nous ramener encore plus de Français, ça », se lamente cette jeune femme. Or, soutient-elle, c’est leur présence qui a fait grimper le prix des loyers, ce qui l’obligera à délaisser bientôt son appartement pour un quartier moins couru.

Bruxelles, ville ouverte, (majoritairement) francophone, joyeusement chaotique, moins stressante que Paris, moins chère que Londres et Berlin, culturellement intéressante, « verte » : les Hexagonaux, de plus en plus nombreux, qui y posent leurs valises ont toujours un peu le même argumentaire quand on les interroge sur leur décision de s’installer ici. Même s’ils oublient parfois de mentionner qu’une autre vraie motivation est la proximité de la ville avec leur pays d’origine : Lille est à trente-cinq minutes de la gare du Midi en Eurostar, Paris à quatre-vingts minutes en Thalys.

Selon un dernier recensement, les Français seraient officiellement 68 327 dans les 19 communes de la région. C’est deux fois plus qu’au début du siècle, et cela forme une population aussi nombreuse que celle d’Ajaccio, faisant de la ville belge « la dix-neuvième région de France », selon le magazine Le Vif, qui ne consacrait pas moins de dix pages à ce sujet, le 12 mai. Titre : « Comment les Français s’emparent de la capitale ».

Où vivent-ils, ces « envahisseurs » qu’une association créée il y a plus de soixante ans, l’Accueil français de Bruxelles, se fait fort d’épauler ?

(…)

L’implantation française s’est accompagnée d’autres nouveautés bienvenues, comme la création de boulangeries qui ont permis de remédier à l’un des grands drames de la belgitude : la piètre qualité du pain. Le « pain français » (dénomination belge de la baguette) porte mieux son nom, désormais.

Pas de quoi consoler Sandra : son bail à Ixelles ne sera pas renouvelé parce que son propriétaire veut le relouer plus cher à des expats. Et, pour elle, impossible d’acheter. Dès lors ? « Direction Molenbeek. »

Le Monde / LeVif.be

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