« Traverser le Sahara – c’était terrible, mon frère. Ce fut un long voyage, il a fallu quatre mois.”
[…]VICE : Hé, vous êtes là ?
Jawara : Hé frère, ravi de te voir.
Que vendez-vous ?
Principalement de l’herbe, c’est pour cela que les gens viennent ici, mais si quelqu’un demande du speed, de la coke ou des pilules, j’ai aussi.
Comment vont les affaires ?
Pendant la pandémie, sans touristes, il a fallu beaucoup plus de temps pour vendre ma came. Mais je vois mes amis, et nous nous détendons ensemble. J’ai encore des gens à qui vendre, pour la plupart des étrangers ou des gens de l’extérieur de la ville.
Gagnez-vous beaucoup d’argent ?
Qu’est-ce que c’est “beaucoup” ? J’en ai assez pour moi et ma famille. J’ai un enfant. J’en ai assez pour acheter de beaux vêtements, mais je ne m’enrichis pas ici. En ce moment, avec les touristes partis, j’ai de la chance de faire 200 € [170 £] profit par une bonne journée.
D’où venez-vous ?
Je viens de Gambie, que j’ai quitté quand j’étais adolescent. Je suis de la tribu Soninké, mais je me considère comme un citoyen du monde. Je suis en famille avec tout le monde. Si nous avons la même façon de penser et que nous pouvons nous réunir, tout va bien… Je ne me soucie pas de votre nationalité ou de votre tribu.
Nous espérons tous une vie meilleure quand nous venons ici, mais nous sommes déçus, parce que les Européens pensent que lorsque vous êtes africain et que vous venez ici, vous devriez faire vos preuves. Pourquoi devrions-nous le faire ?
[…]Quelle est votre relation avec les autres gars de la rue ?
Il n’y a pas de rivalité entre nous [les Africains], mais les Arabes ne nous aiment pas, ce sont eux qui nous combattent ici à Kreuzberg. Ils sont juste jaloux… c’est ce que je vois. Ils ont cependant un grand réseau.
Travaillez-vous de manière indépendante ou dans le cadre d’un réseau ?
Moi, je me bouge tout seul. Les Arabes eux, ont un réseau, mais pour nous, ça ne fonctionne pas comme ça. Nous achetons nos “affaires”, nous les vendons, je prends mes bénéfices et j’y vais.
L’article dans son intégralité sur Vice Magazine (article publié en juin 2021 dans l’édition U.S)