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L’oral imposé par la nouvelle réforme pour évaluer les motivations des futurs professeurs et leur maîtrise des «valeurs de la République», s’est révélé éliminatoire pour certains. À l’heure où les enseignants manquent, les syndicats s’interrogent.

Cette épreuve orale, nouveauté 2022 de l’Éducation nationale, Axel l’avait consciencieusement bûchée. Le candidat au Capes d’Histoire-Géo avait épluché le «vademecum» sur la laïcité, celui contre l’homophobie et la transphobie, un troisième contre le racisme, sans oublier le condensé sur les «valeurs de la République». Fort de dix ans d’expérience dans l’enseignement, d’une thèse à Sciences Po Bordeaux et d’un post-doctorat, Axel, 38 ans, se sentait prêt à exposer ses motivations au jury, et répondre aux deux mises en situation autour de la vie scolaire. Quel ne fut son étonnement, le 1er juillet, en découvrant son résultat : 7/20. Sans la performance du 15 à l’épreuve disciplinaire, il était éliminé.

Le jour J, le candidat était tombé sur le sujet suivant : «Lors d’un cours sur la liberté d’expression, un élève, apparemment sincère, vous demande pourquoi les caricatures de Charlie Hebdo sont autorisées alors que Dieudonné est condamné».  Le jury lui a alors demandé de citer l’article de loi qui sanctionne l’incitation à la haine raciale. «J’ai répondu que cela relevait du Code pénal et que je n’étais pas juriste. Est-ce ce qui m’a valu une note quasi éliminatoire ? […]

Depuis début juillet et la parution des résultats des Capes (concours pour l’enseignement public secondaire), Cafep (concours privé) et CRPE (professeur des écoles), les témoignages abondent sur les réseaux sociaux de candidats déçus, frustrés ou écœurés par cette épreuve sur la «connaissance du système éducatif». Dans l’esprit de la «loi sur l’école de la confiance» de juillet 2019 dite « loi Blanquer », cet oral à fort coefficient (3 sur 8) est devenu commun à toutes les disciplines. L’objectif, évaluer les candidats sur leur motivation et leur parcours, et juger de leur aptitude à «s’approprier les valeurs de la République». Les sujets varient autour du racisme, de l’homophobie, de la laïcité. «En classe de moyenne section, vous remarquez que les garçons jouent à la voiture et les filles s’orientent vers le coin dînette. Comment résolvez-vous ce problème ?» Ou encore : «Un élève déplacé car trop bavard, proteste parce qu’il ne veut pas s’asseoir à côté d’une fille, que faites-vous ?» […]

Cécile*, qui se reconvertit en prof de Lettres après 3 ans dans la com’, regrette que cette épreuve théorique ait pris une telle place au détriment de la matière enseignée. «J’ai bachoté pour apprendre ce qu’était la pédagogie différenciée, l’échange différé, l’école inclusive, les stéréotypes.. un tas de mots-clés pour correspondre à leurs attentes. J’y ai passé autant de temps qu’à me remettre à niveau sur toute l’histoire de la littérature», indique la Rennaise. En Lettres, la nouvelle épreuve était coefficient 3, plus que l’écrit de Français (coef 2) ou celui de Littérature (coef 1). […]

en Île-de-France, près de 2000 postes risquent de rester vacants à la rentrée, selon le site spécialisé Café pédagogique […]

Le Figaro

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