En février dernier, une enquête du syndicat sur la qualité de la prestation listait “trois principaux irritants” : un déficit de 4.000 à 5.000 vélos sur les 19.000 Vélib’ censés être disponibles, 80% des vélos en station en mauvais état et 43% de stations non vides ne comptant aucune bicyclette conforme à la réglementation… De son côté, Smovengo réfute le constat et martèle que s’il y avait plus de stations (qu’il facture 20.000 euros pièce au syndicat), on augmenterait la disponibilité des vélos. Plus nombreux, ils seraient moins sollicités, donc en meilleur état. Un vrai dialogue de sourds…
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Autre sujet sensible : l’état des vélos. En moyenne, 25% des abonnés doivent changer d’engin dans une même station pour en trouver un qui marche, selon le SAVM. Bien sûr, à Paris, les montures subissent une utilisation intensive et un vandalisme sans doute exceptionnel. Mais leur conception complique aussi la donne – l’électronique ou les batteries des VAE présentent des pannes régulières –, et l’organisation de la maintenance voulue par le consortium n’aide pas à faire face. Dans le passé, JCDecaux disposait de locaux disséminés dans Paris afin d’effectuer des interventions intra-muros rapides pour les “pathologies” légères les plus fréquentes, comme les crevaisons ou le remplacement des patins de freins. Smovengo, lui, ne compte que deux gros ateliers, plus éloignés, en banlieue. Les équipes de mécaniciens doivent multiplier les allers-retours sur le terrain pour opérer en station et les cas les plus sérieux doivent être transférés.
Et ils sont nombreux ! Un détour par le site d’Alfortville (94) un lundi matin permet de s’en rendre compte : le spectacle de la récolte du week-end est dantesque. Devant le hangar, des centaines de vélos enchevêtrés attendent de passer sur le billard. Roues broyées par des camions, câbles de freins arrachés, feux arrière et V box (écrans électroniques) cassés au marteau… Une équipe de 80 personnes fait de son mieux pour redonner vie à ces biclous martyrisés (70% de VAE) le plus vite possible. “Ils restent rarement plus de deux jours”, assure Frédéric Deville, le responsable de production. Un travail de Sisyphe : chaque semaine, un tiers de la flotte doit être réparé.
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