Thomas Legrand, dans son édito sur la radio de service public, France-Inter, brocarde le défilé du 14 juillet, « un exercice de gonflette blindée suranné et énergivore ». Il va arrêter sa matinale qu’il faisait depuis quatorze ans.
Aujourd’hui c’est jour de défilé militaire !
Nous allons, comme chaque 14 juillet, montrer nos muscles, les barbes taillés de nos légionnaires avec leurs tabliers de cuir, nos valeureux pompiers, nos polytechniciens à binocles et bicornes au pas mal cadencé, nos saint-cyriens martiaux, mentons haut, au pas impeccablement cadencé, nos gendarmes fatigués, d’autres gendarmes cybers (parait-il), nos marins à pompons, nos forces spéciales bien stocks, les fiers chevaux de la gardes républicaine, montés de leurs gardes républicains avec leurs casques lustrés et leur plumeaux… nos invités des armées de l’est cette année, avec leurs drôles de képis évasés. Si au moins il n’y avait que ces troupes bigarrées, le folklore un peu patriotard pour les derniers anciens combattants… mais non, il nous faut faire étalage de notre puissance, faire descendre les Champs Elysées à du kaki, de la ferraille, du calibre. Que nos chars et nos canons érectiles montrent au monde qui nous sommes ! Hé bien nous sommes les derniers quasiment, parmi les démocraties, à sacrifier à cet exercice de gonflette blindée, cette marche des fiertés régaliennes, ce showroom sur pattes, roulettes ou chenilles, de nos pétoires dernier cri. L’Espagne, chaque 12 octobre, fait encore défiler ses soldats et son matériel, avec moins d’emphase quand même ; l’Italie, fait parader des associations d’élus, d’anciens combattants, de jolis régiments à plumes sur une musique guillerette. Ça ne fait peur à personne et ce n’est pas le but.
L’Angleterre parfois sort, en même temps que sa reine, des unités cérémonielles et leur bearskin, les hauts bonnets en poils d’ours. On est plus près de la kermesse que du champ de bataille. Les américains qui kiffent les cérémonies, les rituelles, les uniformes et les armes ne pratiquent pourtant pas le défilé national. Donald Trump, invité le 14 Juillet 2017, épaté, a tenté d’imposer une démonstration comparable pour le 4 juillet 2018. Bronca de la presse, des démocrates et d’une partie des républicains. Le défilé militaire national, c’est pour les nations démocratiquement peu sûres, qui ont besoin d’impressionner leurs peuples et leurs voisins. Et en plus ça coûte cher ! Voilà un domaine au moins ou les américains sont moins puérils que nous… Peut-être ont-ils d’autres moyens de prouver leur puissance. Les allemands ne défilent plus… et tout le monde trouve que c’est mieux ainsi. Les pays du nord de l’Europe n’y pensent même pas. Sinon, presque tous les pays d’Amérique latine, la Chine, Le Pakistan, la Turquie, la Corée du Nord… ne parlons pas de la Russie tous les 9 mai, font comme nous…
Donc, selon vous, on devrait supprimer le défilé du 14 juillet ?
Prenons cette année (et c’est parti pour durer) Il fait 40° ! L’essence est à 2 euros 20, et vont parader quelques centaines d’engins dont certains consomment (pour les plus gros) plusieurs dizaines de litres au 100 ! On va faire voler 89 avions et hélicoptères, donc cramer des tonnes de carburant ! Est-ce bien raisonnable ? Le vrai défilé qui fait vibrer les français aujourd’hui, il est à vélo entre Briançon et l’Alpes-d’huez… Je sais qu’en disant ça je pousse la caricature de l’éditorialiste de France Inter. J’en profite… plus que demain !