Selon l’étude de l’Ifop pour le JDD, jamais les Français n’ont été aussi mécontents du fonctionnement de la justice.
Une institution « en état de délabrement avancé »… Les Français interrogés par l’Ifop partagent le même constat que le rapport remis par Jean-Marc Sauvé en conclusion des États généraux de la justice lancés en novembre 2021 par le président de la République. Près de trois quarts (73 %) des personnes interrogées affirment en effet que la justice fonctionne mal. Elles n’étaient que 63 % il y a cinq ans, avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron , à porter ce jugement sévère. « En soixante ans, les Français n’ont jamais été aussi mécontents du fonctionnement de la justice en France », souligne l’Ifop dans son analyse.
Si les états généraux avaient dénoncé le manque de moyens et les interminables délais de jugement, en matière civile et devant les conseils des prud’hommes, pour les Français, l’une des raisons de ce mécontentement repose sur le supposé manque de sévérité des juges. C’est l’avis aujourd’hui de 65 % des sondés, qui n’étaient que 51 %, en 2011 à accuser les magistrats de laxisme. Si les seniors (73 %), les catholiques (72 %) et les sympathisants de la droite radicale (82 %) sont les plus virulents à la dénoncer, la mansuétude des juges envers les délinquants est, selon l’ifop, « perçue majoritairement dans toutes les catégories sociodémographiques, culturelles et politiques de la population, à l’exception notable des sympathisants EELV (37 %) ».
Le régalien serait-il toujours le point faible du président de la République ? En dépit de sa réélection, Emmanuel Macron peine toujours à convaincre les Français. Seuls 31 % d’entre eux jugent son bilan positif en matière de lutte contre l’insécurité. Et ils ne sont que 27 % à l’applaudir pour la justice, soit 10 points de perdus depuis avril 2018.
Un ministre fragilisé
(…) En première ligne pour élaborer un plan d’action pour la justice, le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti , termine sa première phase de concertation avec tous les acteurs du monde judiciaire en recevant demain les syndicats de police et de gendarmerie. Une deuxième phase est prévue en septembre. Mais lui aussi souffre d’un sérieux déficit de reconnaissance auprès des Français. Avec seulement 30 % d’opinion favorable, sa cote de popularité s’inscrit bien en dessous de celles de ses prédécesseurs après deux ans d’exercice : 51 % pour Rachida Dati en 2009, 63 % pour Michelle Alliot-Marie en 2010 ou 47 % pour Christiane Taubira en 2014. Plus embêtant, un Français sur quatre déclare ne pas le connaître suffisamment, signe, juge l’Ifop, que l’ancien ténor du barreau « peine à imprégner l’opinion publique en tant que ministre ».
Avec seulement 30 % d’opinion favorable, sa cote de popularité s’inscrit bien en dessous de celles de ses prédécesseurs après deux ans d’exercice
(Merci à BB)