Tous les indicateurs connus tendent en tout cas à montrer une surreprésentation des étrangers parmi les délinquants. Il y a en effet 7,7 % d’étrangers dans la population française ( en 2021, selon l’INSEE), mais les étrangers sont beaucoup plus nombreux :
- parmi les personnes «mises en cause» pour des atteintes aux biens ou aux personnes par la police et la gendarmerie : autour de 20 % ( selon les chiffres, en 2012, de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales du ministère de l’Intérieur) ;
- parmi les personnes écrouées : au moins 18 %, parfois plus selon les années, selon le ministère de la Justice ;
- parmi les détenus : 24,5 % des personnes se trouvant en prison le 1er janvier 2021 étaient de nationalité étrangère, là encore selon le ministère de la Justice.
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Une autre étude menée cette fois par les criminologues du CNRS Sebastian Roché et Monique Dagnaud, et relayée à l’époque par Le Monde , aurait établi que les deux tiers au moins des mineurs jugés pour des faits de délinquance par le tribunal de Grenoble, entre 1985 et 2000, ont au moins un parent né à l’étranger : «66,5 % des mineurs jugés ont un père né à l’étranger (pour 49,8 % dans un pays du Maghreb), et 60 % ont une mère également née hors de France», précise l’article paru dans le quotidien. Sebastian Roché estimait que sa méthode d’enquête, fondée sur une approche échantillonnée et exploitant l’intégralité des renseignements contenus dans les dossiers judiciaires, avait permis pour la première fois d’objectiver un constat évident pour la police et la justice : «La surreprésentation des jeunes d’origine étrangère dans la délinquance n’est un mystère pour personne, mais cette donnée est peu renseignée, et elle n’est jamais débattue dans l’espace public», détaillait-il auprès de la journaliste.
Deux tiers des jeunes délinquants grenoblois seraient donc issus de l’immigration, or à en croire l’historien français de l’immigration Gérard Noiriel dans Le Creuset français (Seuil), il n’y aurait pas plus du tiers de la population française qui aurait des ascendances étrangères, même lointaines. On en conclut donc, même grossièrement (du fait, là encore, du tabou français sur les statistiques dites «ethniques») à une surreprésentation des personnes issues de l’immigration parmi les jeunes délinquants.
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Difficile, donc, de nier cette «surdélinquance» chez les étrangers et les Français issus de l’immigration.
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Plus nuancé, Sébastien Roché évoque quant à lui auprès du Figaro un faisceau d’explications causales, qui reposent sur les caractéristiques précises du mode de vie des personnes issues de l’immigration en France : «la question de l’explication est complexe, et je ne l’ai pas, à l’époque, explorée. On dispose de plus d’éléments aujourd’hui. J’ai tenté de regarder de manière systématique les processus d’intégration civique et d’affiliation nationale», détaille-t-il, évoquant tour à tour la situation géographique, le rapport aux institutions (notamment l’école), la santé… Et soulignant ainsi l’échec des politiques d’intégration dont cette surdélinquance immigrée est une preuve flagrante.
D’autres analystes ou professionnels de la déviance osent, enfin, franchir le véritable tabou qui entrave la réflexion sur la délinquance immigrée : l’idée que des explications culturelles s’ajoutent à l’échec des politiques d’intégration. C’est le cas par exemple du pédopsychiatre Maurice Berger , qui a longtemps dirigé un Centre éducatif renforcé pour accueillir des mineurs violents, et évoque l’importance des structures familiales dans la construction psychique de l’adolescent, et son rapport à la norme. Il observe ainsi que de nombreux jeunes accueillis dans son centre ont grandi dans des familles maghrébines ayant «un fonctionnement clanique, un corps dont chaque individu est un membre, sous l’autorité d’un patriarche ou d’une matriarche. Si un sujet s’éloigne géographiquement, ou se met à penser différemment, le groupe se vit comme amputé d’un membre et va chercher à le récupérer. Alors que le but d’une famille devrait être que les parents cherchent à ce que leur enfant se construise une pensée personnelle et puisse s’éloigner d’eux pour se construire un projet personnel, dans une famille clanique le mode de pensée est indifférencié, le but n’est pas qu’un sujet pense par lui-même, son identité est d’abord d’appartenir au groupe.»
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Merci à Tara King.
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