Brian, Mickaël et Aïcha ont été détenus dans les centres de détention turcs réservés à l’incarcération des migrants. Absence de soins, non accès à leurs droits et violences physiques de la part des gardiens : tous les trois décrivent des séjours en cellules très difficiles.
Le 23 juin 2021, un incendie se déclare dans le centre de rétention pour étrangers Harmandali d’Izmir, à l’ouest de la Turquie. Très vite, le feu se propage au cinquième étage de l’établissement, et les occupants sont évacués par les pompiers, sauf un. Ce demandeur d’asile syrien de 21 ans meurt dans les flammes. Les autorités, après une rapide enquête, concluent à un suicide. Mais les propos d’un membre du personnel employé dans ce centre, et recueillis par le journal turc SoL, laissent penser à une toute autre cause de la mort.
D’après cette personne, à Harmandali, “presque tous les agents – hommes et femmes – sont racistes et anti-réfugiés”. Obtenir leur attention est si difficile que certains exilés vont jusqu’à se mutiler. “J’ai vu des jeunes réfugiés se casser le bras juste pour aller à l’hôpital”, affirme-t-il. Pour cette source anonyme, l’exemple le plus probant de ce mépris envers les migrants est certainement la réincarcération, seule dans une cellule, d’une femme ayant accouché quelques heures plus tôt à la clinique, son bébé devant rester en observation. Et ce, malgré son état de santé – l’exilée avait subi une césarienne – qui nécessitait des soins appropriés.
Selon l’ONG suisse Global Detention Project, les dérives constatées dans le centre Harmandali sont loin d’être isolées. Celles-ci sont même “révélatrices” de la situation qui prévaut “dans le système de détention turc, aggravée par le Covid-19”.
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