Il a encore un corps de femme, se sent homme depuis le plus jeune âge et est officiellement un homme à l’état civil depuis l’été 2021. Alors qu’il avait entamé sa transformation physique, Matt (*) est tombé « enceint ». Une situation kafkaïenne, qu’aucune loi n’a prévue
« J’ai su très tôt qu’il y avait un souci. J’ai su très tard ce que c’était… » Matt ? A « 4 ou 5 ans » quand il commence à refuser de mettre ses vêtements de fille. « Je ne fréquentais que des garçons, me faisais appeler par un prénom masculin. J’ai compris plus tard que j’étais un homme emprisonné dans un corps de femme… » En 2019, seulement, un médecin met un mot sur ce mal qui le ronge : « dysphorie de genre ». Matt est un « homme transgenre ».
[…]Après sept mois de traitement à base d’hormones mâles, les menstruations disparaissent, comme c’était attendu. Un test de grossesse est néanmoins pratiqué. Positif ! « C’était très inattendu et pas recherché, rapporte le couple. On aurait essayé d’avoir un deuxième enfant, sans doute par l’adoption. Nous avons pris ça comme un petit miracle. »
Mais rien ne pourra être comme avant. Matt doit d’abord suspendre son traitement, trop risqué pour le fœtus, et donc, ainsi, renoncer à son apparence masculine naissante. Son changement de statut civil va poser problème. Un homme ne peut pas accoucher… Comment déclarer une grossesse ? Obtenir une césarienne ? Qui va payer ? Matt (ou Charly) va-t-il être contraint d’adopter son propre enfant pour contourner une situation qu’aucune loi n’a prévue ? Devra-t-il provisoirement changer d’identité, redevenir une femme sur le papier, pour être reconnu parent ? « C’est hors de question », tranche-t-il.
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